L'agriculture biologique devrait être encouragée car elle produit des articles alimentaires nutritifs et de bonne qualité et constitue une source de revenus pour les exploitants. Mais il est impossible de se passer de l'utilisation des engrais chimiques pour nourrir les populations, déclarait la semaine dernière, Ramdane Harzallah, le président de la Chambre d'agriculture de la wilaya de Annaba. Selon cet élu, les méthodes agricoles biologiques, qui interdisent généralement toute utilisation d'engrais chimiques, ont été utilisées sur près de 8700 ha, soit près de 2% de la superficie agricole utile (SAU) de la wilaya de Annaba, qui est estimée à 43 850 hectares. M. Harzallah a indiqué que «l'utilisation judicieuse» d'intrants chimiques pouvait contribuer considérablement à l'augmentation de la production alimentaire dans cette région essentiellement agraire, où les agriculteurs utilisent de moins en moins d'engrais naturels. Les sols de la plaine de Annaba, trop acides et peu fertiles, ont un grand besoin de produits nutritifs, a-t-il précisé. Toutefois, il faudra veiller à choisir le dosage parfait et les quantités appropriées d'intrants chimiques et les utiliser au bon moment et à bon escient, a prévenu le président de la Cawa. Ce dernier indique par ailleurs que la direction locale de l'agriculture, au même titre que les autres wilayas du pays, a finalisé et remis à la fin de l'année écoulée le schéma directeur officiel de développement du secteur de l'agriculture au ministère de tutelle et qu'il en est attendu des résultats encourageants pour les exploitants agricoles. Une utilisation rationnelle Ce schéma, précisons-le, est riche des données devant servir à l'élaboration du schéma d'aménagement du territoire. Selon le directeur des services agricoles de la wilaya de Annaba, ce document cible une meilleure rentabilisation des terres agricoles par l'utilisation rationnelle des engrais chimiques, de l'eau, la relance et la valorisation des cultures pérennes et la réhabilitation des zones à vocation maraîchère, les zones de montagnes, de piémont et les zones humides. La direction des services agricoles, qui favorise quant à elle l'utilisation des engrais naturels, regrette que les quantités de fumier collectées au niveau des fermes soient insuffisantes. Un ingénieur agronome explique qu'en plus du réseau de l'ex-Asmidal, dont les usines sont implantées sur le territoire de la wilaya, la distribution pour les grandes cultures se fait à travers le réseau des Coopératives des céréales et légumes secs, (CCLS). Le système de crédit, entre la CCLS et l'agriculteur, se fait au même titre que la semence et d'autres intrants. Ce réseau fonctionnerait bien, semble-t-il, et aurait permis de mettre à profit la proximité des CCLS et d'en faire un organisme stockeur - vendeur d'intrants. Ce type de fonctionnement ne s'opère que pour les engrais phosphatés (TSP 46%) et azotés (urée 46%). Profiter des réseaux de distribution En plus de ces circuits de distribution, il y a évidemment des entreprises privées spécialisées dans les produits phytosanitaires, les engrais composés et les semences potagères, qui généralement sont présentes dans les marchés hebdomadaires et dans la plupart des agglomérations. Ce réseau, de par son utilité dans le circuit de distribution et son contact quotidien avec le monde de l'agriculture, pourrait servir de moyen de vulgarisation et d'information au service des petits agriculteurs et surtout du monde rural, s'il est exploité à bon escient. Les petits agriculteurs de la région se disent favorables, pour leur part, à l'utilisation des engrais chimiques, dont ils reconnaissent l'efficience, mais déplorent les coûts parfois excessifs pratiqués dans le commerce. L'un d'entre eux affirme que les prix de certains produits importés sont cédés à deux, voire trois fois, leur valeur réelle. Cette contrainte financière expliquerait l'abandon des cultures à forte demande d'intrants comme la tomate ou les plantes potagères.