La prochaine édition du Salon de l'automobile d'Alger risque d'être un véritable fiasco pour de nombreux concessionnaires. Et pour cause, les nouvelles dispositions régissant le marché de l'automobile en Algérie en termes de dispositif de sécurité, le système des quotas annoncé par le gouvernement et les nombreux blocages et interdictions d'importation de véhicules font que les véhicules sont devenus, aujourd'hui, de moins en moins disponibles dans les show-rooms. Fini, donc, les booms des années 2010, 2011 et 2012 où les clients se bousculaient au portillon, à l'affût de la moindre occasion ou de la bonne remise. Les temps ont changé et la dégringolade des prix du baril de pétrole et des réserves de change a fait que le gouvernement durcit la réglementation par rapport à l'activité des concessionnaires automobiles. Aujourd'hui, nombreux sont les concessionnaires automobiles qui ne veulent pas s'aventurer et participer à une édition du Salon qu'ils jugent inutile. «La participation à un tel événement ne présente aucun intérêt. Il n'y a pas de véhicule à vendre en raison de l'épuisement des stocks, et surtout aucune nouveauté à présenter en raison des blocages des importations et des délais d'homologation», avait déclaré au site TSA, Abderrahmane Achaïbou, président du conseil d'administration du groupe Elsecom. Le groupe, qui chapeaute plusieurs marques automobiles et de camions comme Tata, Suzuki, Ford, Daewoo Trucks et même Kia, avait annoncé, il y a de cela quelques jours, le lancement d'une unité de montage de camions Daewoo en Algérie. Abderrahmane Achaïbou avait suggéré à ses «collègues» de l'Ac2a, le report de cette édition au mois de novembre de cette même année. Une proposition qui a reçu un niet de la part de la Safex et du président de l'Ac2a en raison du programme chargé de la Société des foires et expositions. L'autre concessionnaire automobile qui ne compte pas participer à cette édition du Salon n'est autre que le groupe Ival, représentant de Mazda et de Fiat Utilitaire en Algérie. Son PDG et également vice-président de l'Ac2a, Mohamed Baïri, explique cette décision par, d'une part, la non disponibilité des véhicules, mais d'autre part, par le flou qui caractérise actuellement le marché automobile en Algérie. La marque Chevrolet, qui fait partie du groupe Diamal, ne compte pas, elle aussi, participer au Salon. La raison évoquée est la non disponibilité des véhicules à exposer. Diamal compte participer avec l'autre marque Opel mais avec un nombre réduit de modèles en raison des blocages. BMW et Mini ne seront pas présentes au Salon. Ces marques, qui, en principe, devaient être distribuées par Luxury Motors (une association entre le milliardaire Mehri et des Emiratis), se voient éjectées du marché de l'automobile. Luxury Motors étant un nouveau distributeur dans le marché, il ne peut, selon la nouvelle réglementation, bénéficier du système des quotas. «Pour un nouveau concessionnaire qui n'a pas un courant d'échanges traditionnels «il n'aura pas droit à un quota», avait déclaré un responsable au ministère du Commerce. Le quota des importations des véhicules sera attribué au concessionnaire en fonction de ce que représentait, en pourcentage, la part qu'il avait l'habitude d'importer par rapport aux importations globales annuelles des véhicules. D'autres concessionnaires automobiles, qui n'ont jugé utile de l'annoncer publiquement, ne comptent pas participer au Salon d'Alger, comme c'est le cas de GMS qui commercialise les marques Mercedes-Benz et Great Wall. «Le marché est devenu beaucoup plus difficile. Nous n'arrivons même pas à couvrir nos dépenses et à payer nos employés. Nous avons entamé une opération de départ volontaire à l'adresse de certains employés et nous avons décidé de ne pas renouveler nos contrats avec les employés en CDD. Comment voulez-vous que je participe à ce salon ?» s'est étonné un concessionnaire. Aujourd'hui, les temps sont devenus durs. D'autres concessionnaires, qui ont annoncé leur participation au Salon, pourraient faire éviction au dernier moment. «Si nous n'arrivons pas à avoir les véhicules et à les dédouaner à temps, avec quoi nous allons participer ? Je ne vais pas jeter mon argent par la fenêtre», s'exclame un autre concessionnaire. Le dilemme se poursuit donc et le suspense ne fait que commencer.