La section algérienne de l'ONG Amnesty International critique la situation des droits de l'homme en Algérie. Présentant hier à l'hôtel Sofitel d'Alger le rapport sur la situation des droits humains dans le monde, la directrice de la section algérienne, Hassina Oussedik, a énuméré certains cas de violation des droits de l'homme en Algérie en 2015. Elle a cité, notamment, les manifestations interdites à Alger et la «répression de la liberté d'expression», à travers les poursuites engagées contre des personnes ayant usé de leur droit à la libre expression. Les cas des anciens généraux Benhadid et Hassan qui croupissent dans les prisons sont-ils considérés par Amnesty International Algérie comme des cas de violation des droits de l'homme, surtout que leurs avocats ont dénoncé des irrégularités et des violations des procédures ? «Nous n'avons pas travaillé sur ces deux cas. Mais il semblerait que, selon leurs avocats, il y a des violations des procédures et que leurs procès ne sont pas équitables», a répondu la conférencière. Elle a ajouté que les deux anciens généraux, comme tout autre citoyen, ont droit à un procès équitable. «Il faut une justice équitable et de qualité pour tout le monde», a-t-elle plaidé. Soulignant que l'Algérie reste un pays «relativement stable dans une région déstabilisée», Oussedik a relevé que des avancées ont été enregistrées en 2015 en matière de respect des droits humains, notamment en ce qui concerne la lutte contre la violence faite aux femmes et la limitation des détentions préventives. Selon elle, la nouvelle Constitution renforce certaines garanties, mais laisse d'autres principes fondamentaux sans réponse. La directrice d'Amnesty International Algérie considère que la nouvelle loi fondamentale consacre l'impunité des responsables de la tragédie des années 1990, et appelle à l'abolition de la peine de mort. La conférence d'Amnesty Internationale était mise à profit par certaines familles des disparus de la décennie noire pour revenir à la charge et demander la vérité. Pour leur exprimer le soutien de son organisation, la conférencière a estimé qu'il ne peut y avoir de véritable réconciliation nationale sans «la vérité, la justice et la réparation». Oussedik a également critiqué la loi sur les associations de janvier 2012, appelant à sa révision. «L'Etat ne respecte pas la loi en ce qui concerne la mise en conformité des associations», a-t-elle dit, plaidant pour sa réforme, notamment après l'adoption de la nouvelle Constitution. Pour ce qui est des manifestations pacifiques, y compris à Alger, l'oratrice a plaidé pour substituer le système de notification au système d'autorisation.