De nombreux migrants subsahariens ont refait ces derniers jours leur apparition dans les rues de Tizi Ouzou, trois mois à peine après l'importante opération de rapatriement qui avait touché un grand nombre d'entre eux. C'est ce que nous avons constaté au niveau de nombreuses rues, boulevards et places de la ville des Genêts où des dizaines de migrants seuls ou en groupes, assis à même le trottoir, demandent l'aumône. Certes, leur nombre n'est pas aussi important que celui enregistré l'année dernière où pas moins de 200 migrants clandestins de nationalité nigérienne ont trouvé refuge dans la ville durant plusieurs mois, avant d'être acheminés, au début de l'année en cours, vers les frontières et rapatriés suite à un accord entre les autorités nigériennes et algériennes. Un geste salué par les citoyens et les animateurs du mouvement associatif qui n'ont pas cessé d'alerter les pouvoirs publics sur leur situation inhumaine, notamment les enfants qui vivent dans des conditions difficiles. Cette décision de rapatriement qui avait touché quelque 200 migrants nigériens a soulagé plus d'un. Malheureusement pas pour longtemps, puisque depuis quelques jours, d'autres dont des parents accompagnés de leurs enfants ont à nouveau fait leur apparition à Tizi Ouzou. Leur nombre ne cesse de croître de jour en jour. Au rythme où vont les choses, nous confie un bénévole du Croissant-rouge algérien (CRA), il est probable de voir d'autres migrants rallier la ville, sachant que le phénomène de l'émigration clandestine à partir des pays subsahariens vers l'Algérie ne cesse de croître en raison de la situation sécuritaire de ces pays. C'est le cas, par exemple, du carrefour dit le Fleuriste en face de l'université Mouloud-Mammeri où nous avons rencontré quatre jeunes migrants. Assis sous un panneau de signalisation tricolore, munis chacun d'un récipient, ils tendent la main vers les passants. Nous nous sommes rapprochés d'eux pour leur demander leur nationalité et comment ils ont rejoint l'Algérie. Affirmant dans un français parfait qu'ils sont originaires du Mali, nos interlocuteurs, certainement de peur d'avoir affaire à des agents de police en civil, ont refusé catégoriquement de répondre à notre deuxième question, se contentant de nous signaler qu'ils ont rejoint l'Algérie pour chercher du travail et non pas pour atteindre la rive nord de la méditerranée. «Nous sommes issus de la même tribu du nord du Mali, nous sommes ici pour chercher du travail afin d'aider nos familles dans un cadre légal, nous sommes munis de nos passeports et nous n'avons aucune intention de rejoindre l'Europe», souligne l'un d'eux. Certes, la situation n'est pas celle de l'année dernière où des centaines de migrants ont envahi la ville de Tizi Ouzou, obligeant les autorités locales à ériger un centre d'accueil au niveau de la gare de Bouhinoun afin de leur permettre d'y passer la nuit et surtout dans le but d'assurer leur sécurité. Toutefois, il n'est pas à écarter de voir à nouveau la ville submergée par des centaines d'autres migrants, surtout à l'approche de la saison estivale. A la rue des frères-Beggaz, des familles entières ont transformé le trottoir en véritable camp. Un spectacle des plus désolants car les conditions dans lesquelles vivent ces êtres humains est insupportable.