Ce n'est pas un poisson d'avril. L'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, est revenu, hier, sur la scène publique, onze jours après son retour au pays via l'aéroport d'Oran dans une ambiance de polémique. C'est une apparition pour le moins surprenante qu'a fait l'homme dans une zaouia dans la wilaya de Djelfa, où il a été honoré pour «services rendus à l'Algérie». Chakib Khelil qui a quitté le pays dans le sillage des scandales de corruption qui ont éclaboussé Sonatrach et dont le nom est souvent associé à ces scandales a été reçu dans la zaouia Sid Ahmed Ben Merzouk dans les conditions d'accueil qu'on réserve aux officiels. Dans son intervention devant les chouyoukh, l'ancien ministre a évité d'évoquer son affaire et son départ de l'Algérie en pleine crise et sans retour comme un héros. Il a plutôt parlé économie, en faisant des prévisions sur une éventuelle remontée des prix du pétrole. Chakib Khelil a soutenu que l'Algérie est sauvée de la crise actuelle grâce au règlement anticipé de la dette extérieure. «Nous avons fait une bonne chose en remboursant la dette», a-t-il dit, estimant que le marché pétrolier va reprendre dans six mois. «L'année 2015 a été difficile. Les six premiers mois de 2016 seront difficiles», prévoit-il, ajoutant que la situation va s'arranger par la suite. L'ancien ministre de l'Energie, qui signe sa première apparition publique depuis son retour au pays, dans un lieu de culte, soulève des interrogations. Il n'a pas évoqué non plus son avenir politique. Il a affirmé, en revanche, qu'il reste au service du pays. «J'étais et je reste au service de mon pays», a-t-il souligné. Une annonce ? En tout cas, après avoir été défendu par le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, qui a plaidé pour sa réhabilitation, l'avenir de Chakib Khelil ne fait pas l'ombre d'un doute. Certains analystes le donnent même pour futur président de la République au moment où le patron du parti majoritaire estime que l'ancien ministre mérite un poste supérieur à celui de ministre. «Chakib Khelil mérite de revenir en tant que ministre, voire à un poste plus élevé que ministre», avait déclaré Saâdani. Ces derniers temps, les déclarations d'Amar Saâdani sonnent comme des annonces et l'apparition de Chakib Khelil hier prend les allures d'un prélude à son retour officiel aux affaires surtout qu'un remaniement ministériel serait imminent. Quel poste occupera alors Chakib Khelil ? Ministre-conseiller du président de la République ? Ministre de l'Energie ? PDG de Sonatrach ? Premier ministre ? Les observateurs s'attendent à tout et n'écartent aucune éventualité. Certains scénarios le donnent même pour futur président. Mais pour ce poste, la nouvelle Constitution lui coupe la route. La loi fondamentale exige, en effet, pour tout candidat à l'élection présidentielle de justifier une résidence permanente dans le pays d'au moins dix ans avant l'échéance électorale. Elle exige aussi que le candidat et son conjoint jouissent uniquement de la nationalité algérienne. Mais ce qui semble être sûr, est que Chakib Khelil se prépare à quelque chose et sa virée dans une zaouïa a créé l'évènement sur les réseaux sociaux où l'on s'interroge sur les enjeux d'une telle apparition dans un pareil lieu.