L'option du concours est maintenue et la valorisation de l'expérience professionnelle est un privilège approuvé par la Fonction publique. C'est ce qu'a déclaré hier la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit. S'exprimant sur les ondes de la Chaîne III, la ministre a indiqué que «la bonification des points de l'expérience professionnelle était un énorme effort consenti par la Fonction publique». Toutefois, l'oratrice a affirmé l'impossibilité d'aller vers un recrutement direct, en réitérant le maintien du concours, qu'elle considère comme un passage obligatoire, dicté par les lois régissant la Fonction publique. D'ailleurs, ce point avait été évoqué, mercredi, lors de sa rencontre avec une délégation représentant les protestataires, à laquelle elle a expliqué qu'il ne pouvait y avoir de recrutement sans concours. Pour la ministre, des efforts ont été faits avec la Fonction publique pour aller vers ce système hybride. Cela avant de rappeler que tout recrutement opéré dans la Fonction publique est toujours soumis à un examen conformément à la loi. Elle poursuivra en explicitant que «les recrutements sur concours dans l'enseignement représentent une phase de transition, par rapport aux intégrations directes qui n'ont pas fait que du bien à la scolarité». Alors que l'objectif fondamental, ajoute-t-elle dans le même sens, est d'avoir des sortants des écoles normales supérieures. Elle a annoncé, dans ce contexte, la création, dès la prochaine année scolaire 2016-2017, de plusieurs annexes. A la question portant sur le pourquoi de la non régularisation, jusqu'à présent, de la situation de plus 25 000 contractuels, l'invitée de la radio a répondu : «L'identification des postes à pourvoir se fait sur la base de la carte scolaire.» La ministre, qui a mis l'accent sur l'importance de garantir la stabilité et la sérénité du secteur, n'a pas hésité à souligner qu'au cas où celle-ci est menacée, des mesures que dicte la réglementation pourraient être prises dans ce cadre. Toutefois, Benghebrit a regretté le fait que leur mouvement a pris un caractère politique. «Il y a malheureusement un encadrement de type politique», a-t-elle dit. Et d'ajouter en détaillant qu'outre les députés qui ont marché, des syndicats, dont le Cnapest et l'Unpef ont encadré ce mouvement.
Réactions de l'Unpef et du Cnapest
Répliquant à ces «accusations», le Cnapest considère que son acte fait partie de sa conviction de la légitimité de la revendication des contestataires comme il s'agit d'un devoir moral envers leurs collègues. «Nous sommes avec ces enseignants et nous continuons à les soutenir et à défendre leur droit à l'intégration», a affirmé Messaoud Boudiba, porte-parole de cette formation syndicale. Toutefois, le syndicaliste, joint par nos soins, réfute l'idée de la ministre en qualifiant ses déclarations «d'infondées», avant de rejeter la responsabilité quant à la situation des contractuels sur le département ministériel qui, selon lui, a procédé au changement des modalités du concours de recrutement en privant, ainsi, cette catégorie de leur droit à une intégration dans le secteur. «Nous avons averti, dès le départ, le ministère sur les conséquences d'une telle décision», dira notre interlocuteur. Un avis que partage l'Unpef qui par la voix de son chargé de communication, Messaoud Amraoui, explique que la source du problème est la démarche du ministère qui a procédé en 2011 à l'intégration des contractuels, une opération qui est faite suite à une décision politique. Une première qu'il considère comme une violation des lois de la Fonction publique. Malheureusement, ajoute notre interlocuteur, cette procédure n'a pas mis fin au système de contractualisation. Au contraire, cela n'a fait qu'attiser la colère de cette catégorie d'enseignants qui demande l'intervention du gouvernement pour mettre un terme à leur «calvaire». Le syndicaliste, qui réitère son soutien aux protestataires, estime que la solution réside dans l'extension du réseau des écoles normales supérieurs pour un enseignement de qualité.