Le coup de filet antiterroriste mené vendredi 8 avril en Belgique, qui a conduit à l'inculpation de quatre personnes, dont Mohamed Abrini, aura permis des avancées majeures dans l'enquête sur les attentats de Paris et Saint-Denis qui ont fait 130 morts en novembre, et ceux de Bruxelles qui ont fait 32 morts en mars. Mohamed Abrini, recherché pour son implication dans les attentats de novembre en France, a reconnu avoir été présent à l'aéroport de Zaventem lors des attentats du 22 mars. Mohamed Abrini, qui était l'homme le plus recherché d'Europe depuis l'arrestation de son complice présumé et ami d'enfance, Salah Abdeslam – arrêté le 18 mars à Bruxelles –, a été arrêté vendredi dans la commune bruxelloise d'Anderlecht, puis placé sous mandat d'arrêt – c'est-à-dire, dans les termes judiciaires belges, privé de liberté le temps de l'enquête le concernant –. Son arrestation constitue une avancée spectaculaire pour l'enquête. Il a très vite reconnu être celui qui accompagnait les deux kamikazes de Zaventem, l'«homme au chapeau» filmé par les caméras de vidéosurveillance de l'aéroport le 22 mars et jusqu'ici non identifié. Il a aussi dit avoir jeté sa veste dans une poubelle et avoir ensuite revendu son chapeau, selon le parquet fédéral belge. Le Belgo-Marocain de 31 ans, délinquant multirécidiviste connu des policiers pour «ses contacts dans les cercles islamistes radicaux et djihadistes à Molenbeek», est considéré comme le «onzième homme» des attentats de Paris et Saint-Denis. Il est soupçonné d'avoir effectué deux trajets entre Bruxelles et Paris avec les frères Abdeslam dans les jours précédant les attaques terroristes en France, et les enquêteurs pensent l'avoir reconnu à Bruxelles lors du dernier convoi, celui qui conduisit les kamikazes à Paris. En fuite depuis novembre, Abrini avait disparu pendant quatre mois, comme Salah Abdeslam. Il est réapparu quelques jours après l'arrestation de ce dernier. Déjà inculpé – c'est-à-dire que pèsent sur lui de sérieux indices de culpabilité – pour sa participation dans les attentats de Paris et Saint-Denis, il l'est aussi dans le dossier des attentats en Belgique, pour participation aux activités d'un groupe terroriste, assassinats terroristes et tentatives d'assassinats terroristes. Le deuxième homme de l'attentat du métro Maelbeek identifié Un homme, Osama K., également arrêté puis inculpé, a été identifié comme «le deuxième homme qui était présent lors de l'attentat commis dans la station de métro Maelbeek», où Khalid El Bakraoui s'est fait exploser. Osama K. a été filmé en train de discuter avec le kamikaze peu avant que ce dernier ne passe à l'acte. Il a aussi été filmé dans le complexe commercial bruxellois City 2 achetant les sacs qui furent utilisés par les kamikazes de l'aéroport. Jusqu'ici recherché sous l'identité d'emprunt figurant sur son faux passeport syrien – Naïm Al-Hamed –, Osama K. est arrivé en Europe avec le flux de migrants par l'île grecque de Leros le 20 septembre 2015. Deux autres hommes – Hervé B. M., de nationalité rwandaise, et Bilal E. M., qui pourrait être lié à une organisation chargée de recruter des djihadistes – ont également été arrêtés au cours du week-end. Selon des informations du parquet fédéral belge rendues publiques hier, obtenues après que l'ensemble des suspects ont été interrogés, l'objectif de la cellule djihadiste constituée à Bruxelles était de frapper à nouveau la France, mais elle s'est finalement décidée à passer à l'acte dans la capitale de la Belgique car l'étau se resserrait sur ses membres. «Le parquet fédéral confirme qu'il ressort de plusieurs éléments de l'enquête que l'objectif du groupe terroriste était de frapper à nouveau la France et que c'est, pris de court par l'enquête qui avançait à grands pas, qu'ils ont finalement décidé dans l'urgence de frapper Bruxelles.» Le parquet estime que l'arrestation de Salah Abdeslam et de trois autres personnes, cinq jours avant les attentats de Bruxelles, et celles d'autres suspects aurait poussé les membres restants de la cellule à modifier leurs projets. Parmi eux pourrait figurer Réda Kriket, un Français de 34 ans arrêté fin mars, et principal suspect dans une enquête sur un attentat déjoué en France. Les principaux suspects des attaques terroristes de Paris et Saint-Denis et de Bruxelles sont désormais morts ou sous les verrous. Malgré les avancées majeures de l'enquête, Jan Jambon, ministre de l'Intérieur de la Belgique, reste prudent : «Il y a peut-être d'autres cellules qui sont toujours actives sur notre territoire.» Charles Michel, Premier ministre, a d'ailleurs rappelé que les autorités demeuraient en état d'alerte face à la menace terroriste.