Ali Fawzi Rebaïne ne croit pas à l'innocence de l'ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil. Le président du parti AHD 54 s'est violemment attaqué aux partis du pouvoir, le FLN et le RND, qui tentent, selon lui, de blanchir l'homme dont le nom est cité dans des affaires de corruption liées à la Sonatrach. Qualifiant de «feuilleton» le dossier de Khelil, l'ex-candidat à la Présidentielle d'avril 2014 a, lors d'une conférence de presse tenue à Alger, déclaré que «le Front de libération nationale (FLN) et le Rassemblement national démocratique (RND) ne font que compliquer les choses en se lançant dans une campagne de blanchiment en sa faveur». Pour Ali Fawzi Rebaïne, l'ancien ministre revenu dernièrement au pays, devrait prouver son innocence et non pas bénéficier de cette campagne qui implique même les zaouïas. «Ce ne sont pas les zaouïas qui vont le blanchir», tranche M. Rebaïne qui invite Chakib Khelil à avoir le courage de retourner en Italie ou encore aux Etats-Unis d'Amérique. «Qu'il se rende à Rome ou aux USA s'il est vraiment innocent», lance le conférencier, dans une allusion à une possible arrestation qu'encourt l'ancien ministre s'il se trouvait encore à l'étranger. Récemment, le nom de Chakib Khelil a été cité dans les témoignages de l'ancien PDG de Saipem interrogé par la justice italienne. C'est donc un défi que lance Rebaïne à l'adresse de Khelil, «sans que Amar Saâdani vienne nous raconter toute son histoire», dit-il. Plus loin encore, sur la thèse selon laquelle le dossier Khelil aurait été fabriqué par l'ex-DRS, le président de AHD 54, qui dit «connaître le fonctionnement du système», estime qu'il est «impossible que l'ancien ministre ait décidé de son propre chef». «Il faut remonter la chaîne plus haut. Jusqu'au Premier ministre, au chef d'état-major et au Président », a-t-il lâché sans ambages. Actualité oblige, le conférencier aborde le scandale planétaire des «Panama Papers», regrettant que la justice algérienne ne se soit pas saisie alors que le nom d'un ministre est cité, Abdesselam Bouchouareb en l'occurrence. «Il s'agit quand même d'un ministre d'Etat. Et il n'y a aucune réaction ni de la justice, ni du gouvernement, ni des finances ou des Douanes !», s'exclame-t-il. Ali Fawzi Rebaïne a, par ailleurs, exprimé son «soutien» au mouvement des enseignants contractuels en grève de la faim à Boudouaou, estimant que «l'action est un saut qualitatif dans le travail syndical». «Les syndicats sont à la croisée des chemins et ils doivent savoir préserver cette dynamique», explique Rebaïne qui insiste à dire que, «contrairement aux lectures superficielles, le problème des contractuels est politique». D'où la solution qui «dépasse Nouria Benghebrit», pense-t-il. Enfin, abordant la situation politique du pays, le conférencier qui «refuse de faire partie de l'Icso où siègent d'anciennes figures du système», estime que «le pouvoir est aveugle et ne veut rien voir». La solution, dit-il, «ne peut venir que du peuple, à travers l'urne ou la rue».