Ali Fawzi Rebaïne ne croit pas au clivage au sommet du pouvoir. «Il n'y a pas de lutte de clans entre Bouteflika, l'armée et le DRS, car ils ont tous des intérêts communs», estime le président de Ahd 54. Intervenant lors d'une conférence de presse animée hier à Alger, Rebaïne indique que «l'armée et le chef de l'Etat s'entendent sur tout. Bouteflika n'est ni contre le DRS, ni contre l'armée, ni contre le général Toufik (Mohamed Liamine Mediène, ndlr). L'armée contrôle, dirige le pays depuis 1962 et continue à le faire». Dans la foulée, le dernier remaniement ministériel est, pour le conférencier «un non-événement». Il explique qu'«il a été opéré pour l'image extérieure». «Entrer au gouvernement est une récompense pour les personnes du sérail. Quant à Abdelmalek Sellal, il n'a aucune prérogative. Il n'est au courant de rien. Par contre, un message est adressé aux gouvernements étrangers pour leur dire qu'il n'y aura pas de changement en Algérie», analyse Rebaïne. Il pense toutefois que «les nominations de Tayeb Belaïz au ministère de l'Intérieur et de Tayeb Louh au ministère de la Justice laissent supposer que Bouteflika prépare le terrain pour un 4e mandat». Pour Fawzi Rebaïne, «la question qui se pose désormais est de savoir si l'armée tirera à balles réelles sur le peuple, lorsque ce dernier sortira dans la rue pour s'opposer au 4e mandat de Bouteflika». Le président de Ahd 54 insiste, par ailleurs, pour dire que «le chef de l'Etat actuel est malade et ne jouit pas de ses prérogatives que lui confère la Constitution». «Sa situation me rappelle les derniers jours de Bourguiba. A cette époque, sa femme et son fils décidaient de tout, jusqu'au coup d'Etat de Ben Ali», déclare-t-il. Sur ce point, Rebaïne s'interroge : «Le Conseil constitutionnel acceptera-t-il une éventuelle candidature de Abdelaziz Bouteflika ? Validera-t-il son certificat médical ?» Par ailleurs, Rebaïne soutient que «la Constitution et l'amendement programmé n'ont aucun sens. Bouteflika et son sérail piétinent les textes constitutionnels». Sur un autre volet, il ne croit pas à un procès de Chakib Khelil, ancien ministre de l'Energie et des Mines, cité dans des affaires de corruption à Sonatrach : «Khelil ne sera pas jugé.» En guise de sortie de crise, Rebaïne propose la rencontre de la classe politique qui n'a pas de lien avec le régime, «même si dans un passé récent, des tentatives de contact avec le FFS et le RCD ont échoué, y compris avec le courant islamiste d'opposition». Dans le même sillage, le président de Ahd 54 affirme que «s'il n'y a pas d'élection libre et transparente, il n'y aura aucun changement». Il souligne qu'«il faut au préalable une information objective pour renverser le régime militaire. La société civile ne doit pas être assujettie au pouvoir. Il faut également une justice indépendante où le chef de l'Etat ne serait pas président du Conseil suprême de la magistrature (CSM), et garantir le pluralisme syndical. L'armée doit être en outre professionnelle». Enfin, Fawzi Rebaïne ne s'est pas prononcé sur sa candidature à l'élection présidentielle d'avril 2014 : «Le conseil national du parti n'a pas encore tranché.»