Les opposants au secrétaire général par intérim du Rassemblement national démocratique, Ahmed Ouyahia, ne désarment pas. Pour faire reporter le congrès extraordinaire du parti, prévu entre les 5 et 7 mai prochain, ils ont saisi, hier, le ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales. «Des membres du Conseil national ont déposé aujourd'hui (hier, Ndlr) une requête auprès du ministère de l'Intérieur pour demander le report du congrès», a affirmé Smati Zoghbi, membre de cette instance. Joint par téléphone, ce dernier affirme que des irrégularités ont été relevées lors de la préparation du congrès. Il accuse le patron du parti, pressenti pour succéder à lui-même, de faire de ce rendez-vous un congrès ordinaire avec l'inscription d'autres points à l'ordre du jour. «C'est un congrès extraordinaire et il doit y avoir un seul point à l'ordre du jour, à savoir l'élection d'un secrétaire général pour continuer le mandat de Bensalah», explique notre interlocuteur. Dans la requête déposée auprès du département de l'Intérieur, dont nous détenons une copie, les contestataires soutiennent que l'opération de préparation du congrès extraordinaire n'est pas légale ni conforme aux textes régissant le fonctionnement du parti. Au niveau de la direction nationale du parti, on n'accorde pas trop d'importance à l'activité des contestataires. «On ne les prend pas au sérieux», a affirmé, Seddik Chihab, porte-parole du parti, joint hier par téléphone. Et si ce mouvement prend de l'ampleur dans les prochains jours ? «Il ne prendra pas d'ampleur. On peut compter ces contestataires sur les doigts d'une seule main, alors que le parti dispose de 250 000 militants», répond notre source, accusant les opposants de faire dans le «militantisme occasionnel» en se faisant remarquer à chaque occasion comme les élections et le congrès. Catégorique, Seddik Chihab affirme que le congrès ne sera pas reporté comme demandé par les adversaires d'Ouyahia. «L'agenda sera appliqué conformément à la volonté de la majorité», a-t-il dit, qualifiant la demande de report «d'insensée et d'irresponsable». «Cette demande relève de n'importe quoi. Une poignée de militants ne peut pas imposer son diktat à la majorité des militants», a ajouté le porte-parole du RND, soulignant qu'Ouyahia a le soutien de la majorité. Les contestataires ont-ils pensé qu'avec les attaques du secrétaire général du FLN contre Ouyahia, sa destitution devient plus facile et ont alors agi en fonction de cette donnée ? «Penser n'est pas forcément juste», se contente de préciser Seddik Chihab. En attendant de connaître la réponse du ministère de l'Intérieur à la requête des contestataires, il est à relever que le prochain congrès du RND ne se prépare pas sous de bons auspices. Les sorties des opposants ont poussé Ahmed Ouyahia à régir en signant un communiqué où il exprime son indignation et son regret quant aux agissements d'un «certain nombre de cadres et d'anciens militants du parti». «Aucun groupuscule ni aucune minorité n'imposera désormais son diktat au sein du Rassemblement national démocratique», a lancé Ouyahia tout en affirmant que le congrès se tiendra selon l'agenda arrêté depuis des mois.