Ahmed Ouyahia, secrétaire général par intérim du RND, est en mauvaise posture. En plus de Amar Saadani, leader du FLN, qui ne rate aucune occasion pour le cribler de critiques, le directeur de cabinet de la présidence de la République doit, comme en 2013, affronter un nouveau mouvement de redressement initié par une trentaine de cadres et militants de son parti. Les raisons du premier mouvement de protestation qui avait poussé Ouyahia à remettre son tablier et l'action d'aujourd'hui sont les mêmes, à l'exception de la forme qui diffère. Mais alors, qui veut la tête d'Ouyahia ? Quelles sont les motivations des frondeurs ? Qui tire profit de la crise qui secoue le RND ? Les initiateurs de cette action jurent que leur mouvement n'est pas dirigé contre la personne d'Ouyahia, mais vise à soutenir les voix qui se sont élevées pour dénoncer l'exclusion, l'oppression et la marginalisation au RND. Une démarche qui a vidé le parti de ses cadres et compétences. Les redresseurs se battent pour remettre le RND sur les rails de la démocratie et tiennent Ahmed Ouyahia pour responsable de toutes les conséquences qui peuvent découler de la politique de fuite en avant qu'il suit. Le parti se trouve dans une situation désastreuse et il n'est plus un acteur majeur de la scène politique. Un important rendez-vous politique attend le RND. «Si l'on refuse d'ouvrir un débat sur les questions de fond, si les militants ne peuvent pas apporter de contradictions à l'équipe dirigeante et si le congrès extraordinaire se tient dans de telles conditions, le parti sortira affaibli et les exclusions seront importantes», expliquent les frondeurs, qui ont tenu un deuxième conclave samedi passé Ces derniers, à leur tête Tayeb Zitouni et Nouria Hafsi, veulent le report du congrès extraordinaire fixé pour les 5 et 7 mai afin de faire le ménage au niveau de la base. Mais pourquoi avoir attendu l'officialisation de la date du congrès pour afficher leur mécontentement ? A cette interrogation, les redresseurs se défendent de tomber dans l'illégalité : «Si on avait agi avant la fixation de la date du congrès, on serait en infraction avec la réglementation concernant les statuts, le règlement intérieur et la loi sur les partis. On ne peut pas réclamer la légalité aux autres et faire le contraire.» Les dés sont jetés La première inquiétude des redresseurs est de voir Ahmed Ouyahia, l'homme des sales besognes, transformer le congrès extraordinaire — qui a pour seul ordre du jour l'élection du secrétaire général du parti — en congrès ordinaire, où il sera permis d'apporter des modifications aux différentes structures du RND. La demande de reporter cette rencontre est une proposition «responsable» car elle permet, selon les frondeurs, d'accorder un délai suffisant pour résoudre les problèmes qui se posent au niveau de toutes les structures du parti. A l'issue de leur réunion, les redresseurs ont rendu publique une déclaration où ils se disent «indignés» et «outrés» par les propos tenus par Ouyahia et le porte-parole du parti, Seddik Chihab, contre leur proposition de différer la date du congrès extraordinaire. A rappeler que mercredi dernier, Ahmed Ouyahia avait affirmé, dans un communiqué, qu'«aucun groupuscule ni aucune minorité n'imposeront désormais leur diktat au sein du RND et le congrès se tiendra comme prévu». Ces propos ont été très mal accueillis par les frondeurs, qui considèrent les qualificatifs utilisés à leur encontre par le secrétaire général — «minorité» ou «groupuscule» — comme «une forme d'exclusion, de violence et de non-respect de l'avis contraire». Pour les militants frondeurs, ce discours pratiqué par leur direction «épuise le parti et hypothèque son avenir». Ils soutiennent que «les instructions données à la base militante lui enjoignant de plébisciter le secrétaire général par intérim lors du congrès extraordinaire sont des pratiques archaïques et ne contribuent guère à la consolidation du parti ni à sa pérennité». Les redresseurs sont déterminés à aller jusqu'au bout de leur démarche, même s'ils restent persuadés que leurs chances sont minimes et que les dés sont d'ores et déjà jetés…