Mohamed Boukhari, président de l'APW de Ghardaïa, estime que les objectifs recherchés à travers l'application de la feuille de route entre les deux communautés ne seront pas visibles dans 24 ou 48 heures. Selon lui, le retour de la paix dans la région est un travail de longue haleine qui nécessite l'implication de tous. «Nous sommes attachés à cette feuille de route et nous tenons à son application qui est pour nous le meilleur moyen de favoriser le dialogue entre les différentes parties. C'est pour nous une étape qu'il faut franchir en prévision de la préparation d'un pacte de paix entre les ibadites et les malékites.» Cependant, cette feuille de route reste ouverte et peut être modifiée et améliorée au fur et à mesure de sa mise en application. «Cela doit se faire en fonction des convictions des deux communautés et surtout en tenant compte de l'évolution de la situation.» Le président de l'APW de Ghardaïa a souligné que la priorité de cette première phase est de garantir la reconstruction de la ville, en attendant de passer plus tard au point relatif au relogement des familles déplacées dans leurs anciennes habitations. «C'est l'un des points qui peut être ajouté dans la feuille de route.» M. Boukhari estime que le défi actuel des deux communautés, par le biais de leurs représentants, consiste à ne pas baisser la garde, à rester vigilant et prudent. «La vigilance doit être de mise. Tout problème, souci ou autre réaction par rapport à n'importe quel événement doit être examiné et réglé dans un cadre restreint pour éviter qu'il ne soit élargi aux deux populations. C'est le seul moyen pour maintenir la stabilité de la situation.» Outre le dialogue entrepris entre les représentants des deux communautés, M. Boukhari rappellera les mesures prises en vue de garantir la stabilité et le développement de la région. «Sur le plan sécuritaire, il y a eu renforcement des éléments des forces de l'ordre, présents en permanence dans la région, qu'ils ne quitteront d'ailleurs pas jusqu'au retour définitif de la paix. Parallèlement à cela, les pouvoirs publics sont en train de préparer un programme de développement local pour régler les problèmes liés au malaise social. Plusieurs propositions ont été faites dans ce contexte pour appuyer l'application de la feuille de route.» Ce programme prévoit la distribution de terres agricoles aux jeunes de la commune de Berriane, la réalisation d'un programme de logements sociaux, l'attribution de lots de terrain, le renforcement des infrastructures de base, comme l'éclairage public, les structures sportives, l'ouverture de nouvelles routes, ainsi que la reconstruction de ce qui a été détruit durant les événements. Ce programme spécial pour la commune de Berriane a été élaboré par les responsables de l'APC et de la wilaya. Il a été présenté à Daho Ould Kablia, ministre délégué chargé des Collectivités locales, et à Ali Tounsi, directeur général de la Sûreté nationale, et transmis aux hautes institutions de l'Etat qui décideront des actions et des projets à retenir», expliquera M. Boukhari.