Qu'est-ce qui a été fait depuis la signature de la feuille de route ? Tout d'abord, je tiens à souligner notre attachement et notre conviction quant à l'importance de l'application de tous les points cités dans la feuille de route. Nous ne voulons pas remuer le couteau dans la plaie. Nous travaillons pour que les familles regagnent leurs maisons et pour que la région retrouve sa sécurité, son calme et sa sérénité. Depuis la signature de la feuille de route, notre mission a été de prendre attache avec la population à travers l'organisation de rencontres et de campagnes de sensibilisation en vue de calmer les esprits et de remettre les choses sur les rails pour que la commune retrouve son ambiance et sa quiétude d'avant. Notre mission ne peut pas réussir sans le maintien du respect mutuel et l'élimination de la séparation entre les ibadites et les malékites, car il y a eu, il faut l'avouer, des fautes de la part des uns et des autres. Le point qui continue de nous préoccuper et qui domine actuellement le débat est celui de la prise en charge des jeunes. Ces derniers ont besoin de travail et de loisirs pour les occuper et les éloigner des conséquences néfastes du chômage et de l'ennui. C'est pour cela que nous demandons à l'Etat d'intervenir dans le sens de l'amélioration des conditions socioéconomiques des jeunes. Cela aidera à la préservation de leur dignité et les mettra à l'abri de toutes les manipulations. Ils ont besoin de se sentir comme des Algériens non marginalisés du reste de la société et de toutes ses mutations. Nous revendiquons aussi l'accélération de l'attribution des aides aux familles qui désirent reconstruire leurs maisons endommagées pendant les affrontements. Sur les quinze points, qu'est-ce qui a été concrétisé à ce jour ? Le dialogue et la concertation comme deux importantes clés pour faire aboutir le retour de la paix dans la région doivent être menés en continuité. Les services de sécurité mobilisés sur place depuis les événements veillent à préserver les biens et les personnes, et ce, en dépit des tentatives de perturbation constatées dans certains quartiers et visant à la déstabilisation des habitants. Nous avons réussi à établir une liste des jeunes demandeurs d'aides sociales. Les pertes enregistrées dans la communauté mozabite sont estimées à 300 maisons incendiées et à 500 familles déplacées. Sur le terrain, les indicateurs d'un probable retour de la cohabitation ne sont pas visibles. Comment expliquez-vous cela ? Non, il ne s'agit pas d'un non-retour à la cohabitation entre les deux communautés ; la cohabitation va se faire, nous l'espérons, au fur et à mesure. Mais il faut dire qu'il existe certaines difficultés sur le terrain qui entravent quelque peu le processus que nous avons entamé pour le rétablissement de la paix. Il s'agit, entre autres, du cas des familles déplacées qui n'ont toujours pas regagné leurs maisons, des actes de vandalisme et de sabotage constatés dans certains quartiers à Dar El Kaf et dans certains établissements scolaires, ainsi que de la lenteur de la cadence enregistrée dans les opérations de restauration des bâtisses endommagées. Le retard accusé est dû au fait que les entrepreneurs sélectionnés pour assurer cette opération refusent de se déplacer dans les quartiers chauds. Quelles sont vos revendications ? Nous revendiquons la paix et la sécurité pour tous. La population demande la liberté de circulation et de mouvement surtout à Berriane où les mozabites et les malékites ont vécu ensemble dans la sérénité totale depuis plusieurs siècles. Les habitants adhèrent-ils au contenu de la feuille de route ? Au cours de nos rencontres, nous avons constaté que les gens suivent avec beaucoup d'intérêt nos directives et respectent le travail que nous avons accompli jusque-là. Je le dis une autre fois, la solution aux problèmes vécus dans cette commune ne peut se faire qu'à travers le respect mutuel et la sensibilisation des jeunes sur la nécessité de suivre le contenu de cette feuille de route, de dialoguer et de traiter de façon rationnelle les problèmes posés. Les gens adhérent à cette feuille de route et ne manifestent aucune opposition ou rejet d'un quelconque article.