La grève de deux jours observée par les commerçants mozabites de Berriane se poursuit. La population s'est réunie hier avec les notables de la région pour faire le point sur les derniers événements. Une réunion qui s'est achevée sans apporter d'éléments de réponse concrets aux préoccupations soulevées depuis le début des affrontements, il y a plus d'une année.«Nous avons rédigé plusieurs rapports que nous avons transmis aux autorités concernées sans que cela ne soit suivi d'effet sur le terrain. Toutes nos revendications sont restées lettre morte : nous avons demandé le remplacement du chef de daïra et la révision de l'installation du président d'APC qui n'a pas été élu par la population, mais rien n'a été fait jusqu'à présent» ont affirmé les habitants mozabites de Berriane. «Par contre, les demandes de la population malékite sont exécutées à la lettre alors qu'elles ne sont ni légitimes ni dans l'intérêt de la population de Berriane. On ne comprend pas ce qui se passe. Pourquoi cette ségrégation et ce traitement de faveur qui ne font que réduire les chances du retour de la stabilité dans la région ?» ont encore expliqué des citoyens. Les mozabites dénoncent le retour cyclique des affrontements et de l'agitation. Ils rejettent les solutions qui se sont avérées jusque-là provisoires et incapables d'arrêter la violence qui tourmente la région. Plusieurs localités de la commune de Berriane demeurent, encore et toujours, victimes des affrontements et des agitations. Après le saccage et le vol perpétrés hier dans la station d'essence du centre-ville de Berriane, la population a attaqué, dans la soirée, les maisons des mozabites, faisant plusieurs blessés, dont un grave. «Il a été blessé au ventre. On a pensé qu'ils l'ont attaqué avec du matériel de pêche, mais il s'est avéré qu'il a reçu une balle dans le ventre. Il est actuellement hospitalisé» a indiqué un habitant. «Nous avons vécu une nuit d'horreur. Après la prière de l'icha, les jeunes ont attaqué nos maisons, effrayé nos enfants et nos familles. Ils ont appelé à une guerre contre nous en scandant : Allah Akbar, Allah Akbar… et d'autres slogans utilisés lors des attaques meurtrières. Nous avons passé un moment très dur» nous a raconté un jeune homme. «Le pire a été évité grâce à l'intervention des forces de l'ordre. Une intervention musclée opérée au début de cette attaque brusque et sanglante» a-t-il indiqué. «Heureusement qu'ils ont réussi à les arrêter sinon on aurait vécu un nouveau drame» a encore témoigné un habitant. Pas d'alternative au dialogue Le président de l'APW de Ghardaïa a estimé qu'il n'y a aucune autre alternative au dialogue et à la concertation prônés dans la feuille de route signée entre les notables de Berriane. «Ce sont des idées générales et des orientations que les notables doivent suivre pour commencer à instaurer la paix et la sécurité. Cela nécessite une grande mobilisation de toutes les franges de la société. C'est un travail de longue haleine. Les gens ont besoin de temps pour inculquer la culture de la paix et de la réconciliation entre les deux communautés dans la mesure où il est plus question de convaincre les gens - les jeunes, surtout - de la nécessité de discuter et de dialoguer pour régler les problèmes sans avoir recours à la violence. Les fruits de l'application de cette feuille de route seront récoltés à long terme et non tout de suite» a expliqué M. Boukhari, président de l'APW de Ghardaïa, qui tient à préciser que le retour à la violence ne signifie pas que l'initiative des pouvoirs publics soit vouée à l'échec. «Bien au contraire, la population a été très soulagée et a fortement accueilli cette initiative. Mais il y a des gens qui continuent d'influer négativement sur l'application de ce genre d'idée porteuse de paix. Ce sont des perturbateurs qui agissent sous l'effet des stupéfiants et autres» a-t-il indiqué. Tout en précisant qu'il est trop tôt pour évaluer le travail accompli et les résultats de cette feuille de route, M. Boukhari dira que les échauffourées n'ont jamais cessé dans la région depuis plusieurs mois. «Il y a eu agression des gens, vols et petites violences de tout temps, mais cela se faisait de façon discrète sans créer cette atmosphère de panique et d'agitation générale» a-t-il précisé. Il estime qu'il est urgent d'arrêter ces perturbations cycliques. Un travail qui implique tout le monde, à commencer par les institutions de l'Etat qui doivent jouer leur rôle. «Il ne faut pas tolérer en ayant recours à l'impunité. Chacun doit payer ses fautes et assumer la responsabilité de ses actes» a-t-il expliqué. M. Boukhari dira également qu'un travail est enclenché pour prendre en charge les autres préoccupations de la population. «Nous sommes en train de mettre en place une politique pour le développement de la région afin d'éliminer les problèmes sociaux de la population comme le chômage, la crise de logement et autres» dira M. Boukhari, qui a souligné le désarroi de la population suite au retour de la violence. «La situation n'est pas facile à gérer, surtout qu'il s'agit de jeunes gens en effervescence (…) Il est important de renforcer la sécurité sur place pour assurer la quiétude à la population». Des réunions sont tenues quotidiennement entre les autorités de la wilaya pour mettre un terme à ces échauffourées sanglantes.