Violente fut la réaction d'Ahmed Ouyahia à la publication par la Premier ministre français, Manuel Valls, d'une photo du président Abdelaziz Bouteflika, affaibli par sa maladie. «L'exploitation de l'image est un acte ignoble», a déclaré, hier, le patron intérimaire du RND et néanmoins directeur de cabinet de la présidence de la République, en marge des travaux du pré-congrès régional des wilayas du Centre de son parti, tenu à Zéralda. Le ton est donné, Ouyahia ne mâche pas ses mots. Le directeur de cabinet de Bouteflika s'est fait l'avocat du pouvoir algérien, en prenant la défense du pays pour exprimer toute la colère qu'a ressentie le peuple en découvrant cette image qui ne devait jamais être véhiculée par un étranger, d'autant plus qu'il s'agit d'un officiel. Dans son discours, Ouyahia n'a pas été avec le dos de la cuillère pour lier une partie de l'opposition en Algérie à ce complot. «Il s'agit d'une manœuvre coordonnée par certains entre Paris et Alger», a-t-il soutenu, estimant cette «histoire de photo du président Bouteflika» comme une «preuve» des propos qu'il avait tenus dernièrement sur «une certaine opposition intérieure qui agit en relais de l'adversité extérieure revancharde». Mais, le secrétaire général par intérim du RND dit avoir compris l'arrière-pensée de ce «groupe» en France qui n'arrive pas à digérer l'indépendance de l'Algérie. En France «subsistent toujours des revanchards qui ne veulent pas admettre que ‘l'Algérie de papa' est finie», lance-t-il. Avant de poursuivre que «ces colonialistes revanchards acceptent encore moins que l'Algérie défende ses intérêts régionaux, ou qu'elle dénonce les atteintes à ses propres institutions, à leur tête le président de la République, ou mieux encore que l'Algérie défende ses intérêts économiques». Là, Ouyahia insiste sur la clarté : «L'Algérie n'offre pas de marchés économiques.» Histoire de démystifier les vraies raisons de l'acte du Premier ministre français qui est retourné bredouille dans son pays, car n'ayant pas conclu assez d'accords bénéfiques pour la France. Ahmed Ouyahia, conscient de sa casquette de représentant de l'Etat, ne s'arrête pas là. Il ira jusqu'à rendre la monnaie aux «comploteurs». «La réaction de ces revanchards a été une exploitation éhontée d'une image du président Bouteflika, comme s'ils n'étaient pas arrivés à de hautes personnalités françaises en parfaite santé, de s'endormir, même durant des activités des plus officielles.» Allusion faite aux photos et vidéos de l'ancien ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, qui s'endormait lors d'une rencontre officielle à Alger, en juin 2015. C'est la première réaction d'un officiel algérien, faut-il le signaler, après la visite de Valls en Algérie. Cette dernière, précédée par la crise dite des «visas» refusés aux journalistes du Monde, n'a, semble-t-il» pas détendu l'atmosphère entre Alger et Paris. Lorsqu'il s'agit de souveraineté et d'honneur, l'Algérie ne badine pas sur les positions, même vis-à-vis de ses partenaires stratégiques. «Le pouvoir français doit bien cerner dans sa globalité sa position. On ne peut pas vouloir un partenariat d'exception et en même temps avoir des actes désobligeants», a estimé d'ailleurs Ahmed Ouyahia qui pose «le respect mutuel et les intérêts communs» comme conditions sine qua non pour bâtir un partenariat stratégique. Enfin, par sa réaction, le revenant aux commandes du RND inflige un camouflet au patron du FLN, Amar Saâdani, qui, généralement se place comme le porte-parole du pouvoir. Mais, qui s'est paradoxalement tu cette fois-ci.