Le secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, s'est dit, hier, lors de la 3e session ordinaire du conseil national du parti à Zéralda, persuadé que le pays fait actuellement l'objet d'une opération de déstabilisation à grande échelle. C'est ainsi, en tout cas, qu'il décrypte « les tentatives de saper le moral de la population par le biais de rumeurs fantaisistes sur des clivages au sein des institutions de la République, ou même par des rumeurs abjectes sur la santé du chef de l'Etat », « l'agitation sociale entretenue dans certains espaces du service public en dépit des efforts faits par l'Etat pour répondre aux attentes des fonctionnaires » et « les réactions sournoises de certains lobbies, en relation avec des intérêts extérieurs, pour contrer la volonté de l'Etat de préserver les capacités financières du pays et de redresser le tissu économique ». Le leader du RND considère également « les attaques qui se succèdent de l'extérieur pour remuer le couteau dans la plaie de notre lutte solitaire contre le terrorisme ou pour porter atteinte à l'image de notre pays et à la dignité de nos citoyens se rendant à l'étranger (allusion est ici faite probablement aux pays qui ont classé l'Algérie comme pays à risque, ndlr) » comme faisant partie intégrante du complot qui se trame contre l'Algérie. Tout en révélant son intime conviction que tous ces éléments sont « liés », Ahmed Ouyahia a appelé les militants du RND à la « vigilance » et à préparer une « réaction » pour faire échec aux comploteurs. Pour démentir l'hypothèse soutenue par les observateurs de la scène politique selon laquelle il serait en désaccord avec le chef de l'Etat ou qu'il y aurait une fracture au sommet du pouvoir, le secrétaire général du RND - qui porte par ailleurs la casquette de Premier ministre – a réaffirmé avec insistance le soutien du « Rassemblement » au président Abdelaziz Bouteflika. « Je n'abuserai certainement pas de votre confiance en disant, par avance en votre nom, que le Rassemblement national démocratique réaffirme son soutien actif au président Abdelaziz Bouteflika pour la mise en œuvre de son programme adopté par l'écrasante majorité de notre peuple souverain il y a moins d'une année », a lancé Ahmed Ouyahia aux membres du conseil national du RND venus nombreux prendre part à ce rendez-vous organique. Les relations algéro-françaises en toile de fond Dans son discours, le Premier ministre n'a pas manqué de faire allusion aux tensions qui caractérisent actuellement les relations algéro-françaises. En réponse, certainement, aux propos tenus récemment par le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, à travers lesquels le diplomate a soutenu que les relations algéro-françaises iront mieux lorsque « la génération de l'Indépendance algérienne » ne sera plus au pouvoir, Ouyahia a fait savoir que « le message du 1er Novembre n'est pas la cause exclusive de ceux qui ont eu le mérite de libérer l'Algérie. C'est le choix de tout le peuple algérien à travers toutes ses générations ». Le patron du RND a conclu en disant : « Ceux qui oublieraient cela commettraient une grave erreur dans la perception de notre pays ». A propos de la lutte contre la corruption, Ouyahia a rappelé « la détermination de l'Etat à combattre plus que jamais toute atteinte aux deniers publics ». Une détermination qu'il aurait voulu « voir saluée et soutenue par tous car la corruption est une violation de la loi qui se réprime par le biais de la justice souveraine ». Le secrétaire général du RND a clôturé son discours en faisant savoir que son parti « sera toujours en première ligne chaque fois qu'il s'agira des intérêts de l'Algérie, de la défense des institutions républicaines, de la défense des intérêts de l'économie nationale et même de la défense de la démocratie et des libertés face à toute tentative de les instrumentaliser contre la stabilité de la patrie ». Donc tout le monde est prévenu. Qu'il s'agisse des ennemis extérieurs ou intérieurs ! A préciser que le RND devait consacrer hier une grande partie des travaux de la 3e session de son conseil national à l'évaluation de la situation dans le pays. Une situation sur laquelle les responsables du « Rassemblement » tenaient absolument à se prononcer.
