Après le secrétaire général du FLN, Amar Saâdani, c'est au tour du patron du RND,Ahmed Ouyahia, d'apporter sa contribution à l'opération de réhabilitation de Chakib Khelil, promis à un poste supérieur de responsabilité. L'ancien ministre de l'Energie dont le nom est associé ces dernières années aux scandales de corruption qui ont éclaboussé Sonatrach, contraint à un exil de trois ans, est définitivement blanchi par les responsables politiques. Ouyahia, également directeur de cabinet de la présidence de la République, invité à s'exprimer avant-hier à Ennahar TV, a mis toute sa verve pour défendre Chakib Khelil, soulignant que la justice algérienne et la justice italienne n'ont aucun dossier contre lui. Et le mandat d'arrêt international lancé contre l'ancien ministre et des membres de sa famille avant d'être retiré ? Belkacem Zeghmati, ancien procureur général près la cour d'Alger, serait instruit d'animer une conférence de presse sur le mandat d'arrêt recommandé, a répondu le patron du RND, deuxième parti du pouvoir. Par qui ? Ahmed Ouyahia ne le dit pas mais appelle au respect de la présomption d'innocence et demande à la justice de donner des clarifications sur l'affaire. Mieux encore, Ouyahia qualifie Chakib Khelil d'«homme d'Etat de haute facture», emboîtant ainsi le pas à son homologue du FLN qui avait entamé le processus de réhabilitation en assurant que «Chakib Khelil est le meilleur ministre que l'Algérie n'ai jamais connu depuis son indépendance». Dans son intervention de près de 20 minutes, Ahmed Ouyahia n'a à aucun moment cité les auteurs des accusations contre Chakib Khelil, soulignant que l'image de ce dernier était ternie par la rue et les médias qui reprenaient des propos accusateurs. Si Amar Saâdani accuse ouvertement le défunt DRS et son chef, le général Toufik, d'avoir fabriqué de toutes pièces le dossier de corruption Sonatrach où serait impliqué Chakib Khelil, Ahmed Ouyahia s'abstient de montrer du doigt qui que se soit. Au moment où les partis de l'opposition sont scandalisés et les observateurs déconcertés par le retour triomphal et revanchard de l'ancien ministre en Algérie, les partis au pouvoir balisent le terrain pour son retour aux affaires. Alors qu'Amar Saâdani explique que l'ancien ministre mérite un poste supérieur à celui de simple membre du gouvernement, Ahmed Ouyahia qui gratifie Khelil d'«homme d'Etat de haute facture» ne s'attardera pas sur ce détail. «Sa compétence et son expérience sont indiscutables. Elles sont reconnues dans le monde. Il a des capacités avec lesquelles il peut servir son pays», a-t-il soutenu. Il précisera que la décision de le nommer dans un poste de responsabilité relève des prérogatives du président de la République. Ahmed Ouyahia a appelé également à la réhabilitation des cadres, dont ceux de Sonatrach, emprisonnés à tort. Accusé d'être le bourreau de centaines de cadres jetés en prison, l'ancien chef de gouvernement se défend et défend «la mémoire» des victimes des erreurs judiciaires et des dossiers préfabriqués. Sur un autre plan, Ouyahia a réitéré le soutien de son parti au président Bouteflika et justifié la non-adhésion du RND à l'initiative du FLN. «En ce qui concerne les initiatives, chaque parti est libre d'en entreprendre», a-t-il argué, ajoutant que le FLN est considéré comme étant un «allié stratégique» de sa formation.