Après une longue phase d'expérimentation, la langue amazighe devient de fait une matière obligatoire, à l'instar de toutes les matières enseignées à l'école algérienne. Ce caractère obligatoire qui s'impose doit passer par sa généralisation d'une manière graduelle. Une démarche initiée, l'année dernière à la reprise scolaire, par le ministère de l'Education nationale en collaboration avec le Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA). Une commission mixte (MEN/HCA) visant la promotion de sa généralisation dans le système éducatif, a été installée à cet effet. «Trouver des solutions opérationnelles pour que cette langue nationale puisse trouver sa place dans le paysage institutionnel de l'éducation nationale», avait soutenu Nouria Benghebrit, ministre de l'Education nationale, qui avait fait état des orientations données, à cet effet, par le gouvernement. L'enseignement de tamazight concernera, dans un premier temps, les élèves de 4e année primaire et s'élargira en fonction des demandes formulées par les responsables des écoles. A travers ses sorties sur le terrain, dans différentes wilayas, le HCA a enregistré une importante demande pour l'introduction de l'enseignement de tamazight. Une doléance exprimée par des associations de parents d'élèves et de la société civile. D'où la nécessité, a insisté Si El Hachemi Assad, secrétaire général du HCA, de l'extension de son enseignement afin qu'il touche, au final, les 48 wilayas. L'initiative de sa promotion, qui consistait de passer de 11 à 20 wilayas, durant la dernière rentrée scolaire, sera élargie à 32 wilayas du pays dès la prochaine rentrée scolaire (2016-2017), selon Mme Benghebrit. En quoi consiste le projet de généralisation ? Il s'agit, selon les deux partenaires, d'un plan de consolidation et de généralisation progressive et planifiée de l'enseignement de cette langue, à court terme (2015-2016 - 2016-2017 et 2017-2018) et ce, par le renforcement des effectifs enseignants (postes budgétaires) qui préconise à procéder au règlement de la question de l'encadrement, le caractère optionnel de la matière, la levée de la contrainte de la résidence pour les nouveaux diplômés en leur autorisant l'accès au concours d'enseignement dans les wilayas concernées par son enseignement. L'étendue de son enseignement Le lancement de l'enseignement de tamazight a démarré en fonction de deux paramètres, affirme le SG du HCA. Il s'agit, entre autres, de la disponibilité des enseignants et la prédisposition de l'encadrement scolaire à la constitution des classes. Au cours de l'année scolaire 1995-1996, cet enseignement a touché 16 wilayas et ce, avec 233 enseignants formés par le HCA et un effectif de 37 690 apprenants. Selon lui, une extension vers d'autres wilayas s'est produite malgré le caractère optionnel et l'absence d'une planification qui prendrait en compte ces milliers de diplômés dans la filière de tamazight. «Certaines embûches pédagogiques, socioprofessionnelles, la non application des circulaires ministérielles ont été, chemin faisant, résolues», ajoute-t-il. Force est de constater, donc, que sur le plan de l'étendue de cette langue nationale et officielle, une évolution «assez positive» est enregistrée au niveau de la courbe statistique : on est ainsi passé, a estimé notre interlocuteur, de 233 enseignants et 37 690 apprenants en 1995, à 1904 enseignants et 282 155 apprenants durant l'année scolaire 2013-2014.
Soulever les entraves L'évolution de l'enseignement de cette langue maternelle exige de lever toutes les mesures administratives et pédagogiques qui entravent ce processus. Parmi elles, le responsable du HCA cite : le caractère facultatif de son enseignement qui lui cause, selon lui, de grands préjudices et constitue un frein à son avancement. L'insuffisance d'affectation de postes pour les inspecteurs et les enseignants de cette langue est un autre facteur qui empêche l'émergence de son enseignement. Et pour surmonter ces obstacles, et afin de réhabiliter la langue tamazight, le HCA a mis l'accent sur la nécessité de créer une instance d'aménagement linguistique ou d'une entité académique qui s'occupera, prioritairement, de l'élaboration des terminologies modernes et des outils didactiques.