«Avril 1980 est l'acte de naissance de la démocratie algérienne», a déclaré, hier, Dr Saïd Sadi ancien président du RCD, lors d'une conférence-débat sous le thème : «Avril 1980 : luttes d'hier, leçons d'aujourd'hui», qui a eu lieu au centre culturel Karou Saïd de Haizer. Dr Sadi est revenu, pendant plus de deux heures, sur le parcours des acteurs du printemps berbère et la situation politique de cette époque-là. Ainsi, le conférencier n'a pas cessé d'évoquer la portée du mouvement de 1980. «Je pense franchement qu'Avril 1980 est le premier mouvement en Algérie et ce depuis 1963 qui a refusé la violence et n'a pas cédé sur ses revendications», souligne-t-il. Le socle d'Avril 1980, ajoutait Sadi devant une salle archicomble, c'est l'amazighité et les libertés démocratiques. Toujours dans le même sillage, l'ancien président du RCD dit qu'avec le mouvement d'Avril 1980, une nouvelle forme de lutte a été inventée en Algérie, le pacifisme. Chose qui n'existait pas à cette époque, soutient-il. «Avril 1980 n'était pas tombé du ciel. Ce sont de longues années de préparation, de formation et de témoignages», ajoute-t-il. C'est la raison pour laquelle Dr Sadi a appelé à préserver l'esprit de ce mouvement. «Nous devons préserver le printemps d'Avril 1980. Il ne faut pas que la falsification de l'histoire qui a souillé la guerre de Libération soit aujourd'hui reproduite par rapport à Avril 1980», dit-il. Ainsi, selon le conférencier, «il y avait une peur d'un procès où des Algériens allaient accuser le pouvoir. Ce serait une première dans l'histoire du pays». C'est pour cette raison qu'ils les ont relâchés, ajoute M. Sadi. «Les intellectuels algériens n'ont pas voulu donner de la valeur aux acquis démocratiques du printemps berbère. Il a fallu attendre Octobre 1988 pour que cette élite dise que ce sont ces événements qui ont fait venir la démocratie en Algérie», a déclaré Sadi. Cependant, il estime qu'Octobre 1988 n'était pas une alternative politique et il n'a produit aucun message. «C'est un mouvement de colère», explique-t-il. Et Saïd Sadi qui reprend une phrase dite par Miloud Brahimi sur Octobre 1988 : «C'est un mouvement qui est venu de nulle part et allant on ne sait où.» Pour le projet politique véhiculé par le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK), Dr Sadi a affirmé qu'aucune étude géopolitique n'a été faite dans ce sens pour savoir si ce projet marche ou pas. Pour lui, cette idée n'a aucun contenu. Mais le conférencier a insisté sur le droit au débat. «On a le droit de débattre et que tous les avis soient donnés», estime-t-il. En marge de cette conférence donnée à l'occasion du 36e anniversaire du Printemps berbère, une vente dédicace du livre de Saïd Sadi, l'Algérie, l'échec recommencé, a été organisée.