La participation de Saïd Sadi, figure emblématique du mouvement d'Avril 1980, à la marche a ajouté de l'émotion et de la détermination aux manifestants. Le Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) a réussi, hier, son pari. Celui d'organiser une marche populaire dans les rues de Béjaïa et de célébrer, comme il se doit, le 35e anniversaire du Printemps berbère. En effet, ils étaient des milliers à répondre à l'appel à la marche lancé par le parti. Laquelle marche a été rehaussée par la participation du Dr Saïd Sadi, ancien détenu, et surtout l'un des principaux artisans du mouvement d'Avril 1980. Sa participation a, faut-il le noter, ravivé la flamme du combat identitaire et démocratique du Printemps d'Avril 1980. C'est vers 11h que la marche s'est ébranlée depuis l'esplanade de la maison de la culture Taous-Amrouche pour s'acheminer vers le siège de la wilaya avec, à sa tête, Saïd Sadi, les cadres et les élus de son parti. "Tamazight langue nationale et officielle" ; "Corriger l'histoire, Constantine n'est pas arabe" ; "Pouvoir assassin" ; "Ulac smah ulac" ; "Nous ne sommes pas des Arabes" sont autant de slogans scandés par les manifestants tout au long de l'itinéraire de la marche. En face du siège de la wilaya, les cadres et militants du RCD se sont succédé au micro pour prendre la parole. "Nous sommes ici en ce 20 avril 2015 pour rendre hommage aux pionniers du combat identitaire et aux artisans du Printemps berbère. Nous sommes ici aussi pour dire au pouvoir que nous n'abdiquerons pas", a déclaré, d'emblée, Mouloud Deboub, le président du bureau de wilaya du RCD. Lui succédant, Djamel Benyoub, secrétaire national aux affaires juridiques au sein du parti, a salué la formidable mobilisation citoyenne et réitéré l'appel à l'officialisation de tamazight. "La prochaine révision constitutionnelle doit consacrer le caractère officiel de tamazight. Nous n'allons plus attendre", a, de son côté, clamé Athmane Mazouz, secrétaire national à l'information. Le Dr Saïd Sadi, dont l'intervention a été réclamée avec insistance, a prononcé une allocution concise. "C'est ma citoyenneté qui m'a amené à participer à la marche d'aujourd'hui", a-t-il souligné, sous un tonnerre d'applaudissements. Et d'enchaîner : "En ce moment, les hommes et les femmes sont tenus d'être là par devoir." Le Dr Sadi lancera par la suite un appel à l'union pour éviter, a-t-il dit, "de reproduire les fissures ayant marqué les militants de la cause en 1949". S'entretenant en aparté avec la presse, il confiera que "le 20 Avril 1980 a donné naissance au mouvement démocratique et a inventé le combat pacifique". Manifestation du MAK : Dans le calme et sans incident Le Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie (MAK) a, lui aussi, organisé, hier, à Béjaïa, une marche pour commémorer le 35e anniversaire du Printemps berbère. Un millier de personnes, essentiellement des étudiants de l'université de Béjaïa, ont battu le pavé entre le campus Targa-Ouzemour et la place Saïd-Mekbel. Les manifestants ont brandi une banderole géante sur laquelle on pouvait lire : "Pour l'indépendance de la Kabylie." Ils ont également scandé des slogans hostiles au pouvoir, tels que "Vive la Kabylie indépendante et laïque" et "Pouvoir assassin" sous les youyous des manifestantes, portant, pour la circonstance, des robes traditionnelles kabyles. Un rassemblement a été observé à la place Saïd-Mekbel. Sur place, il a été procédé à la levée du drapeau du Mouvement, puis son hymne a été entonné sous le regard médusé des policiers. M. Djenadi, membre de l'exécutif du MAK, a lu une déclaration dans laquelle il a réitéré l'attachement au combat pacifique pour "l'autodétermination de la Kabylie". L. O.