Avril 1980 : sa genèse, son expression, sa perception, son évolution. Saïd Sadi a restitué la symbolique du Printemps berbère dans son contexte historique et politique. “Avril 80 est un moment structurant de l'Algérie démocratique assumé par un mouvement de fécondation politique majeur et porteur d'une alternative démocratique.” C'est ce qu'a déclaré le président du RCD, jeudi à l'INTHT de Tizi Ouzou, à l'occasion d'une conférence entrant dans le cadre de la commémoration du 28e anniversaire du Printemps berbère. Parce qu'il était l'un des principaux acteurs de Tafsut Imazighen, Saïd Sadi ne pouvait rater un tel rendez-vous avec l'histoire. “Par devoir de mémoire”, dit-il, car “sans mémoire, on ne peut construire l'histoire”. Dans une salle archicomble, où nous avons remarqué la présence d'acteurs socioéconomiques, des syndicalistes autonomes, des parlementaires du RCD mais aussi d'autres formations politiques comme le FLN, du président de l'APW, de plusieurs P/APC, du président de la CCID, du bâtonnier, des représentants de la société civile et du mouvement associatif, le leader du RCD a restitué le 20 avril 1980 dans sa dimension historique, politique et symbolique. Qualifiant le Printemps berbère de repère politique et symbolique, le conférencier dira que le mérite revient à la génération 80 qui a su imposer des traditions de lutte pacifique. “La génération de Tasfut Imazighen a le mérite historique d'avoir inventé l'idée de lutte pacifique dans un pays régi par la violence”, reconnaît-il non sans rappeler le génie de cette génération de militants d'avoir couplé la revendication amazighe aux libertés démocratiques, comme pour venir en écho au slogan balafrant une banderole accrochée au mur : “Printemps berbère : source du multipartisme”. Au yeux du docteur Sadi, avril 80 constitue l'acte de naissance de l'alternative démocratique nationale en ce sens qu'il a réhabilité le débat politique public. Devant les tentatives de pollution du message du Printemps amazigh caractérisées par un plan de déstabilisation de la Kabylie, le président du RCD recommande de protéger l'esprit d'avril 80, se félicitant que la Kabylie, comme dans un réflexe de lucidité, s'emploie à se réapproprier les repères de sa mémoire militante. Mais alors, s'interroge l'orateur, est-ce que la greffe d'avril 80 a pris ? Si on ne règle pas la question de tamazight, si la femme n'est pas réhabilitée dans ses droits de citoyenne à part entière, l'Algérie ne connaîtra pas de débat fécond, avertit Sadi qui n'a pas manqué de dénoncer l'antikabylisme, “véritable blocage de la dynamique politique nationale”. “Il faut que l'Algérie se dote d'un pouvoir politique qui soit le résultat de l'expression des citoyens”, estime encore le conférencier qui suggère de réhabiliter la symbolique du 20 Avril dans l'espace public institutionnel. “Il faut faire en sorte que le 20 Avril soit assumé par les institutions”, ajoute Sadi qui salue l'initiative de l'APW de Tizi Ouzou de s'impliquer cette année dans la commémoration de Tafsut Imazighen. Ce qui dénote de l'évolution de la conscience populaire. “Il est vain de vouloir détourner ou masquer le message d'avril 80”, conclut Saïd Sadi sous un tonnerre d'applaudissements et de youyous. Y. A.