Le timing peut être décalé ou avancé de quelques jours mais la chanson du Ramadhan, on la connaît par cœur, à force de l'avoir entendue. A la différence du «tube de l'été» qui change selon la tendance et les réussites du moment, la rengaine du mois de jeûne est immuable. Seule varie l'humeur du ministre du Commerce en place qui choisit quand l'entonner. Il n'y a pas que l'humeur qui détermine le moment-bonheur où on vient nous «rassurer», il y a aussi l'utilité conjoncturelle de l'annonce. De toute façon, la latitude est la même : personne parmi les Algériens ordinaires n'attend cette annonce, alors autant essayer d'en tirer un maximum en étant le plus opportun possible. Un peu moins de deux mois avant le Ramadhan, Bakhti Belaïb a donc saisi l'occasion de sa présence à Skikda où il était en «visite de travail et d'inspection» pour… rassurer les Algériens : il n'y aura pas de pénuries pendant le «mois sacré» ! Comme les autres années, comme ses prédécesseurs, il n'a pas raté l'opportunité de nous rappeler, des fois où quelqu'un l'aurait oublié, combien l'effort a été important pour que cela soit possible. Il faut bien soigner son bilan dans la foulée : «Le ministère du Commerce a pris toutes les dispositions pour que ces produits (de large consommation, ndlr) soient disponibles pendant le mois de Ramadhan, sans aucune perturbation, pour éviter la spéculation.» On aurait pu demander à Belaïb ce qui est fait pour que notre bonheur en l'occurrence soit assuré pendant les onze autres mois de l'année mais il faut bien se retenir. Par lassitude d'abord, la chanson étant usée jusqu'à la corde. Par scepticisme ensuite, puisque nous avons eu tout le temps d'apprécier les réussites en la matière. Pendant le Ramadhan, pendant le reste de l'année et même pendant le treizième mois. On se rappelle ensuite ce qui est censé faire notre bonheur : il n'y aura pas de pénuries. Mais ça fait longtemps qu'il n'y a plus de pénuries, Monsieur le ministre. Tous les produits sont «disponibles» et le ministère du Commerce n'y est pour rien, en tout cas pas plus que le reste. Il suffit d'y mettre le prix. Et les prix, jusqu'à preuve du contraire, sont libres ! Ce qui devrait «rassurer» les Algériens, pendant toute l'année si possible, c'est une… disponibilité du niveau de celles qui font fonctionner la concurrence, les labels de qualité, les appellations d'origine et l'organisation légale de l'activité commerciale. A moins qu'on nous rassure uniquement sur la disponibilité du pain, du lait, de l'huile et du sucre… Des produits subventionnés. Auquel cas personne ne peut en revendiquer l'effort ! Par Slimane Laouari Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.