L'Algérie produit 4% de la viande ovine du monde, ce qui la classe au huitième rang mondial en la matière. Ou dans le «top 10», ce qui fait plus «tendance». Le problème est qu'on ne sait pas si cette production peut être considérée comme une vraie performance, une réussite mitigée ou carrément un échec. Parce qu'on peut indifféremment adopter l'une ou l'autre des trois conclusions, on ne manquera pas d'arguments. C'est une vraie performance d'abord pour l'évidente raison qu'il n'y a pas beaucoup de domaines où l'Algérie est trouvable sur la liste des meilleurs. Surtout pas celui-là, où il est question de «production», qui n'est pas notre marque de fabrique – sans jeu de mots – et c'est le moins qu'on puisse dire. Ensuite parce qu'en matière d'élevage et d'agriculture, on commençait à désespérer de réussir quelque chose tellement le gâchis est immense, quand on considère les résultats obtenus jusque-là par rapport au formidable potentiel en matière de disponibilités naturelles et de savoir-faire ancestral. Enfin, parce que le monde étant au point où il est dans la répartition de ses niveaux de développement, il est difficile d'imaginer un pays du rang de l'Algérie parmi les premiers dans un créneau où les cartes semblent distribuées depuis longtemps. Si on considère le résultat mitigé, on peut toujours expliquer son appréciation par le fait que des pays pas forcément plus mieux servis par la nature et disposant de moindres capacités d'investissement d'envergure puissent se placer devant l'Algérie. Et en pensant enfin que c'est un échec, on retrouve nos certitudes les plus confortables. Forcément, nos capacités à briller, parfois réelles mais souvent virtuelles, sont au plus haut niveau, ce qui permet de prendre sans grand enthousiasme le fait qu'on soit dans le top 10 des producteurs de viande ovine. S'il faut ajouter le «reste», on obtiendra aisément de quoi tempérer largement la performance. Le «reste» est que l'Algérie ne produit pas vraiment de viande ovine mais plutôt élève des moutons. Sinon, avec le huitième rang mondial en la matière et 4% de la production planétaire, les Algériens consommeraient de l'agneau dans la vraie vie inaccessible y compris pour les bourses moyennes. On exporterait également des carcasses au lieu de faire traverser frauduleusement les frontières aux troupeaux. Et l'Algérie ne liquiderait pas plus de 60% de son cheptel ovin pendant le mois de Ramadhan et le jour de l'Aïd El Adha. Et c'est le seul chiffre qui est fourni par une source agricole locale, le reste émanant d'un organisme étranger, des fois qu'il y aurait un doute à ce niveau-là. Par Slimane Laouari Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.