Le dessinateur et caricaturiste Siné est mort, ce jeudi, à l'hopital Bichat à Paris, à l'âge de 87 ans. De son vrai nom Maurice Sinet, ce dessinateur était considéré comme l'un des caricaturistes les plus emblématiques du dessin de presse. Ancien de L'Express au temps de Jean-Jacques Servan-Schreiber et au plus fort de la guerre d'indépendance algérienne, il s'était distingué par ses positions anticolonialistes. Siné affichait également ses positions antisioniste et anticapitaliste. Proche de l'avocat Jacques Vergès qu'il avait choisi pour le défendre lors d'un de ses nombreux procès, Siné a connu un bref passage par Révolution africaine lorsque l'hebdo était dirigé par l'avocat du FLN. Faute de pouvoir s'exprimer librement sur l'ensemble des sujets, à commencer par les sujets de société, il a préféré mettre fin à son expérience avec l'hebdo de la place émir-Abdelkader. À quatorze ans, il entre dans une école pour apprendre le dessin et la maquette. La nuit, il gagne sa vie en chantant dans les cabarets. Un jour, il tombe sur les dessins d'un Roumain devenu le plus célèbre des illustrateurs américains : Saul Steinberg. Ce sera l'une de ses principales sources d'inspiration artistique : «Dès que j'ai vu les dessins de Steinberg, j'ai eu le coup de foudre et j'ai décidé d'essayer ce métier». Entre 1946 et 1948, il est chanteur dans le groupe de cabaret Les Garçons de la rue. Il publie son premier dessin dans France Dimanche en 1952 et reçoit le grand prix de l'Humour noir en 1955 pour son recueil Complainte sans Paroles. Il exprime ses opinions anticolonialistes pendant la guerre d'Algérie. Alors qu'il remplace brièvement François Mauriac au bloc-notes du journal lorsque celui-ci doit s'absenter pour raisons de santé, son «débloque-note» vaut à L'Express de nombreuses lettres indignées de ses lecteurs. Jean-Jacques Servan-Schreiber publiera une lettre d'excuses en première page du journal, ce qui n'arrangera pas ses relations avec Siné, qui continuera à publier des dessins engagés dans le journal. Défendu par Jacques Vergès, alors avocat du FLN, il quitte L'Express en 1962 pour créer son propre journal, Siné Massacre. En mars 1967, il invente le logo et propose les couleurs (orange, rouge et noir) de la société Sonatrach.