Jean-Jacques Servan-Schreiber naît le 13 février 1924. Le parcours de JJSS a été exceptionnel à tout point de vue. Il rejoint la résistance avec son père au début des années 40, aux côtés de Charles de Gaulle. Formé comme pilote de chasse dans l'Alabama, et reçu à l'Ecole polytechnique en 1943, il ne participera cependant à aucun combat aérien et n'exercera jamais son métier d'ingénieur polytechnicien. Le destin de l'homme était ailleurs. Il l'a trouvé dans la presse et les médias puisqu'il se découvre un goût pour l'écriture et le journalisme. Brillant rédacteur, il a été engagé au journal Le Monde par Hubert Beuve-Méry. Son ascension a été fulgurante. Il devient éditorialiste au Monde à l'âge de 25 ans. En 1953, il avait alors 29 ans, JJSS crée avec Françoise Giroud, L'Express et devient ainsi à 30 ans le directeur de son propre journal, où écriront les plumes les plus connues du monde littéraire: Albert Camus, Jean-Paul Sartre, André Malraux et François Mauriac. Jean-Jacques Servan-Schreiber est alors un riche patron de presse et un éditorialiste politique toujours à l'affût des nouvelles idées. Par ses brillantes analyses et synthèses, il attire à lui les cerveaux de sa génération. L'Express est ainsi devenu le principal journal d'opposition au général de Gaulle et compte dans ses rangs quelques barons de la presse d'aujourd'hui: Claude Imbert, Jean-François Kahn, Catherine Nay, Michèle Cotta ou encore Ivan Levaï. La notoriété de L'Express s'étend bien au-delà de la France. Lors de sa mobilisation en Algérie en 1957, il sera mis sous les ordres du général Jacques Pâris de Bollardière, seul officier supérieur français ayant refusé la torture en quittant son poste de commandement. Ayant senti, bien avant tout le monde, que la décolonisation était inéluctable, il signe une série d'articles sur le conflit indochinois. Cela lui permet une rencontre, qui changera le cours de sa vie, avec Pierre Mendès- France, député de l'Eure et farouchement opposé à la poursuite de l'effort militaire français en Indochine. De même qu'il a pris position durant la guerre d'Algérie. Son expérience algérienne, JJSS tirera son premier ouvrage Lieutenant en Algérie pour lequel il sera accusé, un moment, d'atteinte au moral de l'armée. Ses prises de position réformatrices l'amènent à être contacté par le sénateur américain John Kennedy qui s'intéresse de près aux problèmes de décolonisation dont le cas de l'Algérie est typique. Atteint d'une dégénérescence neurologique affectant sa mémoire, JJSS fera sa dernière apparition publique en janvier 2003, lors des obsèques de Françoise Giroud, une femme de lettres et grande journaliste à laquelle il a été lié.