L'Algérie commémore aujourd'hui le 71e anniversaire des massacres du 8 Mai 1945 commis par la France coloniale dans le sillage de la victoire sur le nazisme et la libération de Paris. Les pratiques répressives de la machine de guerre coloniale ont fait en ce 8 mai 45 000 morts, principalement à Sétif, Guelma et Kherrata. La féroce répression qui s'était abattue sur les victimes innocentes avait, paradoxalement, coïncidé avec la joie des alliés, suite à leur victoire sur le nazisme, marquant la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ce jour de liesse en Europe était pour les Algériens le début d'une répression brutale, marquée pendant plusieurs semaines par des actes innommables dans de nombreuses villes de l'Est. Cependant, ce génocide qui a mis la France coloniale à nu, traça le chemin vers Novembre 1954. Le 8 mai 1945, alors que des défilés sont organisés pour fêter la capitulation allemande, des milliers de personnes défilent pacifiquement pour célébrer la fin de la guerre en Europe. Les drapeaux français et algériens étaient brandis, accompagnés de slogans en faveur de l'indépendance du pays. Les autorités françaises n'apprécièrent pas et exigèrent que les banderoles patriotiques et les drapeaux algériens ne soient pas arborés. La manifestation va alors déborder lorsqu'un policier français tire sur un jeune Algérien, tir qui lui a été fatal. Du coup, les manifestants sont pris de panique et des émeutes éclatent causant la mort d'une centaine d'Européens. Des représailles disproportionnées et punitives vont alors avoir lieu. Des dizaines de milliers d'Algériens ont été massacrés, lynchés, torturés, jetés dans des fours à chaux par l'armée française dans plusieurs villes de l'est du pays, pour avoir seulement revendiqué le droit à l'existence, la fin du colonialisme, au lendemain de la victoire des Alliés sur le nazisme. A Guelma, le même jour, la manifestation organisée par les nationalistes, drapeaux algériens et alliés en tête, est arrêtée par le sous-préfet Achiary. La police tire sur le cortège, il y a 4 morts parmi les Algériens, aucun Européen. Achiary décrète le couvre-feu, fait armer la milice des colons. Et, dans la soirée, les arrestations et les exécutions commencent. L'insurrection va se propager avec la nouvelle de la répression dans la région de Sétif, Guelma, Kherrata, Jijel, qui fera plus de 45 000 victimes d'une sauvagerie inouïe. A Guelma, le sous-préfet livre des camions bourrés de prisonniers à une mitrailleuse de 24, en position au milieu d'une route. Dans les gorges de Kherrata, des Algériens sont jetés par grappes du haut des ponts, attachés par du fil de fer. A Guelma, on brûle les corps des exécutés dans des fours à chaux pour éliminer les preuves des massacres. Et ces massacres «sont amnistiés au nom de la raison d'Etat», selon les témoignages des moudjahidine. Des documents officiels de la défense des droits des victimes des massacres du 8 Mai 1945 indiquent que 500 Algériens ont été exécutés sommairement, entassés dans une fosse. D'autres corps ont été acheminés, sous la protection de la gendarmerie coloniale, dans des camions vers la ferme de Marcel Lavie, pour y être brûlés dans un four à chaux. La mémoire collective à Guelma retient également l'histoire douloureuse de Zohra Rekki, tuée et coupée en morceaux avec ses deux frères, brûlés tous les trois par la suite.