Les marques automobiles indiennes sont-elles les grandes perdantes dans le nouveau système des quotas attribués par le ministère du Commerce à travers le dispositif des licences d'importation ? Au vu des chiffres provisoires publiés par nos confères d'Auto-Algérie et Auto-utilitaires.com, nous sommes tentés de répondre par l'affirmative. Les véhicules produits en Inde commercialisés par le groupe Elsecom, à savoir Tata, Suzuki et Daewoo camions n'ont pas reçu de quotas ni d'agrément. Elles ont été rayées de la liste des 40 concessionnaires ayant obtenu l'agrément. Même la marque automobile Ford, que ce concessionnaire commercialise depuis plus de dix ans, n'a pu avoir sa licence d'importation. «Je suis surpris qu'un grand groupe automobile tel que Elsecom, acteur actif depuis des années dans le marché automobile algérien, ne puisse pas figurer sur la liste des 40 concessionnaires retenus», nous dira un spécialiste de l'automobile. Nous avons tenté de joindre Abderrahmane Achaibou, président du conseil d'administration du groupe, pour de plus amples informations. En vain. Idem pour le ministère du Commerce qui nous a fait patienter au téléphone pendant plusieurs minutes. Sans succès. Mais qui sont les 40 concessionnaires automobiles retenus par le ministère du Commerce ? Et qui sont les 40 autres qui n'ont pas obtenu le fameux sésame ? C'est à toutes ces questions que la commission chargée de délivrer les licences d'importation de véhicules doit répondre pour plus de clarté et de transparence dans ce dossier. Le président de cette commission aurait pu, à travers un point de presse, livrer les noms des 80 concessionnaires et expliquer les critères d'attribution des quotas. Cela aurait mis un terme à toute forme de contestation, de spéculations ou de supputations. D'ailleurs, certains spécialistes du domaine, à l'instar de Mohamed Yaddadène, estiment que les critères d'attribution des licences annoncés par la commission d'attribution, comme le respect du cahier des charges ou la situation fiscale, ne sont pas complets. «Il doit y avoir d'autres éléments qui ont été pris en considération, comme les coefficients. Dans tous les cas, les chiffres sont surprenants à plus d'un titre, c'est la mort prononcée pour certains concessionnaires», précisera-t-il, tout en ajoutant que la situation fiscale est la partie invisible. «Il faut avoir les bilans et les déclarations pour apprécier et se prononcer», dira-t-il. D'autres concessionnaires présents sur le marché depuis des années ont été surpris par le quota attribué. C'est le cas d'Ival qui est autorisé à importer... 300 véhicules. «C'est une catastrophe», commente-t-on chez le représentant d'Iveco en Algérie. Ival avait pourtant annoncé, voilà quelques mois, un projet de montage de camions en Algérie. D'autres comme Jinbe ou DFSK ont été carrément mis aux oubliettes alors que ces derniers sont très présents sur notre marché à travers des mini-trucks. Des explications sont plus que nécessaires. Elles sont même indispensables. Sefiane Hasnaoui : «C'est sûrement une erreur de calcul» L'un des concessionnaires les plus furieux et les plus mécontents des chiffres annoncés par la commission d'attribution des licences, n'est autre que Sefiane Hasnaoui, vice-président du groupe et directeur général de Nissan Algérie. Pour lui, le chiffre de 830 véhicules attribué ne reflète en aucun cas la réalité du groupe «ni en termes d'historique de flux ni en termes d'emplois ou de contribution au budget de l'Etat. Ces critères, je le rappelle, sont mis en avant par le comité en charge de l'attribution des quotas. Nous pensons sincèrement qu'il s'agit d'une erreur, comme cela a d'ailleurs été partagé par certains membres du comité. Un recours dans les formes a été introduit et nous n'avons aucun doute quant à la réactivité du comité afin de rétablir la réalité des chiffres», dira notre interlocuteur, tout en précisant qu'«il est important de partager en toute transparence la méthodologie de calcul des quotas afin de s'assurer d'un traitement équitable dans l'intérêt général». Le patron du groupe Hasnaoui qui écarte l'idée d'un favoritisme au profit des marques européennes, affirme que les plafonds en valeur qui ont été attribués correspondent à la réalité du potentiel d'importation. Sefiane Hasnaoui poursuit : «Globalement, des équilibres ont été préservés.» Il affirme que pour les cas de Nissan et Hyundai, «aucune logique ne peut être retenue, d'autant que ces deux marques font partie des plus gros payeurs de taxes». «Nous assurons une gestion saine de notre entreprise et avons la capacité de faire face à nos échéances, d'autant que notre groupe est diversifié. Nous sommes persuadés que cette erreur de calcul, malheureuse et dommageable, sera réparée au plus vite afin de limiter les dommages collatéraux», tient-il à préciser. Cette vision de probable erreur de calcul est partagée par Mohamed Yaddadène. Ce spécialiste juge qu'accorder des quotas à un tel seuil pour Peugeot, Hyundai, c'est attribuer un volume d'affaires de deux mois pour la marque au lion et un mois pour HMA. «Quand on voit l'importance des réseaux de distribution ou agents agréés, c'est l'étouffement avec beaucoup de pertes d'emplois. En voulant organiser et encadrer cette activité, nous assistons à un retour vers des volumes connus au début des années 1998-1999. Maintenant, nous constatons que l'avantage a été accordé aux marques dont le projet d'usine est lancé.» Notre interlocuteur juge que pour se maintenir sur le marché local, la solution réside dans la fabrication, tout en espérant que le cadre réglementaire encadrant ces projets arrive dans les délais pour éviter d'autres complications à venir. «Bye bye l'automobile en Algérie. L'Etat devait sacrifier un secteur et voilà qu'ils nous ont choisis. J'ai une pensée pour toutes les familles qui vivaient grâce à l'automobile. Un secteur qui employait 50 000 personnes. Que vont faire ces gens ? Vont-ils regarder dans la presse la facture d'importation baisser ?», s'interroge un responsable chez un concessionnaire automobile.
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