Disponibilité ou pas des produits agricoles frais, les prix restent élevés. Mais, les causes ne sont pas forcément liées à la hausse de la demande, notamment en ce mois de Ramadhan. La hausse des prix des produits agricoles frais met à nu le grand retard accusé par l'Etat pour créer les structures commerciales comme les marchés communaux ou de proximité. Jusqu'à présent, des communes restent dépourvues de ces espaces, pourtant indispensables. L'ampleur de ce problème s'est amplifié avec l'éradication des marchés informels qui s'est traduit, pour la filière fruits et légumes, par la hausse des prix, a souligné hier Mustapha Zebdi, président de l'Association de protection et d'orientation du consommateur (Apoce). Il relève que «le manque de marchés de proximité a favorisé la spéculation». L'absence des marchés de proximité dans les nouvelles cités ou les nouveaux quartiers a fait que les quelques marchands de fruits et légumes disponibles pratiquent des prix hors de portée. Ces commerçants, explique-t-il, payent des loyers chers, ce qui justifie les prix pratiqués. «Même si la chaîne de distribution est régulée, l'absence de marchés de proximité induira forcément une dérégulation du marché des produits agricoles frais», ajoute le président de l'Apoce. Cette situation interpelle les pouvoirs publics à prendre des mesures d'urgence en attendant la réalisation du programme de création des marchés de proximité et de gros. La création, par exemple, dans la capitale des marchés parisiens dans les différentes communes est l'une des solutions à adopter dans l'immédiat pour ramener les prix à la baisse et réguler, par là même, le marché. L'éradication des marchés informels devait aboutir à terme à la création de ces espaces que devront gérer les communes. En revanche, ce projet d'utilité publique a fini par être abandonné. Zebdi préconisera également l'encadrement des marchands ambulants que les autorités locales doivent encourager. Ces marchands peuvent pallier le déficit en structures commerciales. Mais, «une décision administrative est indispensable pour régulariser leur activité», a-t-il recommandé. Les communes doivent intervenir pour leur fournir les autorisations afin de pouvoir travailler dans la légalité. Ces marchands ne disposent pas de registres du commerce mais d'autorisations d'activité, délivrées par les APC. Pour Zebdi, «à travers ces deux mesures d'urgence, il sera possible de réguler le marché des fruits et légumes», car les projets de nouveaux espaces commerciaux sont confrontés à la contrainte de l'absence d'assiettes foncières, surtout dans les grandes villes. Il trouve également inconcevable que certains nouveaux espaces commerciaux soient créés en dehors des communes alors que d'autres infrastructures comme le siège de l'APC sont bien situées, ce qui dénote l'incohérence dans la politique d'aménagement du territoire adopté par l'Etat. Dans la capitale, par exemple, la population, en constante hausse, attend toujours la dotation de leurs communes de nouveaux espaces. Les habitants des communes d'El Harrach, Bab Ezzouar, Mohammadia, Bourouba, Bachdjarah, Birtouta, Kouba et bien d'autres attendent toujours ces espaces.