Après près d'un mois de retard par rapport au délai statutaire, l'Instance de concertation et de suivi de l'opposition se réunira ce 27 juillet au siège du RCD. Une réunion ordinaire qui intervient dans un contexte extraordinaire pour les partis de l'opposition menacés jusque dans leur existence par le nouveau code électoral qui les exclut de participer aux prochaines élections. «On abordera les questions de l'actualité de ces derniers mois et on sortira peut-être avec des positions communes sur les questions de l'heure», indique Sofiane Djilali, président de Jil Jadid, joint hier au téléphone. Malgré les menaces qui pèsent sur l'opposition après l'adoption de la loi électorale qui impose aux partis d'avoir remporté 4% des suffrages exprimés lors d'une précédente élection pour pouvoir participer à une prochaine échéance, notre interlocuteur estime que «la fonction de l'opposition est nécessaire pour le pays». La réunion de ce mercredi est la première du genre depuis le second sommet de l'opposition du 30 mars à Zéralda. Certains observateurs ont pointé une longue disparition de l'Icso alors qu'en réalité, il n'y en a rien. Dans son règlement intérieur, cette instance de l'opposition est tenue de se réunir tous les trois mois. Ce qui veut dire que le retard observé n'a même pas duré un mois. Mais cette rencontre pourra donner un nouveau souffle pour l'opposition, incapable jusqu'à présent de construire un rapport de force à même de ramener le pouvoir à faire fût-il des concessions dérisoires. En plus, les deux grandes composantes de l'Icso, à savoir la Coordination des libertés et de transition démocratique (CLTD) et le Pôle des forces de changement connaissent des fissures. Alors que Jil Jadid a quitté la CLTD, le mouvement Islah vient d'annoncer son retrait du Pôle des forces de changement conduit par l'ancien chef de gouvernement et candidat aux élections présidentielles de 2004 et 2014, Ali Benflis. Les deux partis siègent toujours au sein de l'Icso. La réunion de mercredi est aussi la première de l'organisation depuis l'adoption du nouveau régime électoral et de la haute instance indépendante de surveillance des élections, que certains partis qualifient d'instance de «verrouillage» des processus électoraux en faveur des partis du pouvoir. La loi électorale est considérée par certains comme une remise en cause du multipartisme et un recul par rapport aux acquis démocratiques d'octobre 1988. Des partis ont exprimé leur crainte de disparaître en 2017 au moment où d'autres ont appelé les partis à brûler leur agrément publiquement. Le parti de Benflis, agréé en 2015 et contrarié par la nouvelle loi électorale, ne digère pas les 4% imposés pour participer aux élections. Il considère que cette disposition vise à récupérer l'agrément accordé par le pouvoir aux formations politiques. Le Pôle des forces du changement qu'il conduit qualifie cette loi de «violence politique». Il a dénoncé une atteinte au pluralisme politique et une absence totale de la moindre garantie quant à la sincérité et à la transparence des prochains scrutins.