L'opposition est-elle vraiment arrivée au point où il n'y a plus d'utilité, pour les partis politiques la composant, de se réunir et de se concerter ? C'est du moins l'image qu'elle renvoie, maintenant qu'il ne lui reste presque plus rien à revendiquer. Et pour cause, l'examen – qui sera certainement suivi d'adoption – du projet de loi relative à la Haute instance indépendante de surveillance des élections au Parlement, met un trait sur la principale revendication portée depuis plus de deux ans. D'abord par la CLTD, puis dans un cadre plus large, par l'Icso. Les deux entités, qui ne se sont pas réunies depuis plusieurs semaines, sont d'ailleurs en panne d'idées et de perspectives, comme l'explique Smaïl Saïdani, membre de la direction nationale de Jil Jadid, chargé des relations avec les partis. «L'opposition est désormais laminée et on peut admettre, malheureusement, qu'encore une fois, le pouvoir a gagné», lâche notre interlocuteur, constatant «un manque de courage» chez certains partis. Le seul moyen par lequel l'opposition regroupée au sein de l'Instance de concertation et de suivi (Icso) aurait pu mettre le pouvoir devant le fait accompli, est le boycott collectif des prochaines législatives prévues en 2017. Or, cette option défendue par Jil Jadid au sein de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD) n'a pas fait l'unanimité. Et comme les partis de la CLTD sont membres de l'Icso, cette dernière n'adoptera certainement pas le boycott. Pour Saïdani, «l'opposition se contente de se réunir pour publier des communiqués à la fin», et «lorsqu'il s'agit de prendre des décisions importantes, les partis font marche-arrière». Sinon, s'interroge-t-il, «comment peut-on accepter de participer à des élections dont la transparence n'est pas garantie ?». Les partis de la CLTD, rappelle notre interlocuteur, avaient refusé toutes les propositions de Jil Jadid dont le boycott ou la confection de listes communes pour contrer les partis du pouvoir, le FLN et le RND. Raison pour laquelle le parti de Djilali Soufiane s'est retiré de ce conglomérat. Désormais, il n'exclut pas de faire de même et claquer la porte de l'Icso. «Si nos propositions ne trouveront pas d'échos à l'Icso, je pense qu'il ne nous restera plus qu'à agir en solo», tranche Smaïl Saïdani. Sans les citer, ce dernier fustige indirectement le MSP, le FJD et le RCD entre autres qui acceptent de prendre part à des élections sans garanties. Pour lui, «il s'agit d'un deal qui répond au système de quotas», régi, selon lui, «par un code électoral élaboré sur mesure». Les partis de l'opposition «se contenteront alors de faire de la figuration dans des institutions élues par la fraude et feront office de meubles pour le FLN et le RND», fera-t-il remarquer. Le projet instituant la Haute instance de surveillance des élections, «tel qu'il sera adopté par le Parlement, ne donne aucune garantie de transparence des scrutins», soutient le cadre de Jil Jadid. Idem pour le projet de code électoral, qui «consacre l'intrusion de l'argent sale et le système de quotas». Malgré ce constat, regrette enfin Saïdani, «les partis de l'opposition se montrent hétérogènes et n'arrivent pas à unir leur parole pour anéantir des projets qui menacent le pluralisme». Un aveu, on ne peut plus clair, d'échec de l'opposition à introduire le changement tracé en ligne de mire au lendemain de la présidentielle d'avril 2014. Deux congrès, Mazafran I et II, plusieurs réunions et peu d'activités de terrain, c'est le bilan de son regroupement. Et comme l'on est toujours dans les réunions, une autre rencontre de l'Icso, annoncée pour cette fin de semaine, n'aura pas lieu finalement…