Les médecins résidents du Centre hospitalo-universitaire (CHU) Mustapha Pacha d'Alger ont entamé, hier, une grève illimitée, pour revendiquer le versement de leurs primes de garde, non rémunérées depuis le mois de janvier. Une «injustice» qui n'a que trop duré, estiment les grévistes qui, au premier jour du débrayage, ont organisé un rassemblement devant la direction de l'hôpital. Le premier responsable du CHU a, d'ailleurs, fini par recevoir les délégués des médecins résidents, sachant que dans un premier temps il avait même refusé de les reconnaître en tant qu'interlocuteur. A l'appel du collectif des médecins résidents du CHU Mustapha Pacha, une structure autonome nouvellement créée, plusieurs dizaines de blouses blanches ont déserté leurs services pour exprimer leur ras-le-bol quant aux retards enregistrés dans la satisfaction de leur plateforme de revendications. Outre le versement des primes des garde, les grévistes réclament la mise à jour des salaires en fonction de l'année universitaire, c'est-à dire après le passage d'une année à une autre. «Je suis résident en 5e année gynécologie et j'ai toujours le même salaire de 2e année», précise l'un d'eux ayant requis l'anonymat. Et de pointer du doigt le service des finances du CHU qui, selon lui «est incompétent». «C'est un véritable casse-tête qu'aucun des directeurs qui sont passés n'ont pu régler», s'indigne notre interlocuteur. Pour l'un des délégués, résident en chirurgie, qui tient «à ce que le mouvement soit horizontal et sans aucune tête, même vis-à-vis des médias», la grève intervient après plusieurs mois d'attente. «Nous avons soumis ces mêmes revendications aux responsables de l'hôpital en février dernier», rappelle-t-il. Hélas, leur requête n'a pas trouvé une oreille attentive et l'administration a continué «son mépris». Pire, le 17 juillet dernier, lorsque le collectif est allé déposer son préavis de grève, le directeur a tout simplement refusé d'en prendre note estimant cette action «illégale» et les délégués «non représentatifs». «Il ira jusqu'à adresser des fax aux chefs de service ordonnant des sanctions contre nous», dira notre interlocuteur. Pourtant, il est utile de rappeler que lors de l'assemblée générale le 16 juin 2016, à l'effet de constituer ce cadre, tous les services étaient représentés dont la chirurgie générale A et B, l'urologie, la chirurgie thoracique, la neurochirurgie, la cardiologie A1 et A2, la pédiatrie, la pneumologie, la diabétologie, l'ORL, la psychiatrie, la réanimation/anesthésie, ajoutés aux services du Centre Pierre et Marie-Curie (CPMC). Représentativité gagnée Malgré cela, il a fallu que les médecins résidents entament cette grève qui «demeurera illimitée jusqu'à satisfaction des revendications», insiste un délégué, pour que le directeur, constate leur force et les reconnaissent enfin. Une délégation de six représentants a été reçue par le directeur à l'effet de débattre des problèmes soulevés. Les deux parties ont conclu que «la défaillance concernant le versement des primes se situe au niveau du service financier». Une question que la direction s'est «engagée à régler», affirme l'un des délégués à la fin de la réunion. Tandis que pour la mise à jour des salaires, il a été constaté que pour ce dernier, «l'actualisation a été faite, en attendant les rappels sur les mois précédents». De ce fait, les grévistes ont décidé quand même de «maintenir la grève illimitée, jusqu'à prise en charge des doléances exprimées. Un service minimum dans l'ensemble des services, notamment en ce qui concerne les soins d'urgence et les gardes, sera maintenu».