Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) se trouve dans une situation «délicate» quant à la position à prendre en prévision des élections législatives. Il fait face à plusieurs équations. Bien que les tous les éléments plaident en faveur d'une participation, Abderrezak Mokri, s'est montré prudent, renvoyant la balle dans le camp de la prochaine session du Conseil consultatif du parti. «Nous ne sommes pas devant une simple situation facile à trancher de si tôt», a reconnu le président du parti islamiste. Il prononçait, hier, un discours d'ouverture des travaux de la 14e université d'été du HMS, qui se déroule au village des artistes à Zéralda. «Si nous participons malgré le risque de fraude, c'est pour poursuivre le combat à l'intérieur des institutions. Si nous ne participons pas, c'est que nous trouvons inutile ce combat», a-t-il dit, enchaînant avec une série d'équations similaires sur les avantages et inconvénients de la participation. Pour Mokri, si le MSP prend part aux élections, «c'est parce qu'il n'y a plus aucun projet politique alternatif», et s'il boycotte, «il considère qu'il est temps de changer la situation par un mouvement populaire capable de renverser l'équation». Encore, «si le parti entre dans une institution issue de la fraude, c'est pour la simple raison qu'il ne veut pas laisser adoptées des lois visant à vendre le pays sans dénonciation», explique-t-il, arguant par le tapage qui a suivi le vote de la loi de finances 2016. Pourtant, «la décision qui revient au madjliss echoura doit prendre en considération certains principes dont les garanties de transparence, l'unité de position chez l'opposition, la visibilité d'une alternative en cas de boycott, les conséquences, l'avis dominant au sein de la population…», a insisté Mokri. Le chef du parti islamiste explique que «le MSP cherche le consensus entre tous les acteurs, à travers le recours à l'urne et le respect de la volonté populaire». Raison pour laquelle, a-t-il poursuivi, «nous continuons à donner de l'importance aux élections législatives malgré la déception en matière de libertés, le blocage politique, le monopole sur la structure électoral et la volonté de dessiner une carte politique». D'ailleurs, et après avoir tracé un sombre bilan de la gestion du pouvoir en place, le président du MSP l'a appelé à profiter de l'occasion qu'offrent les élections législatives de 2017, pour sortir le pays de la crise. «L'Algérie va droit vers un avenir incertain et il n'y a de solutions pour éviter les malheurs qu'à travers trois options. La première est que le système en place conduise lui-même le consensus et la transition démocratique (…) et il ne trouvera pas meilleure occasion que celle des prochaines législatives, s'il ne veut pas s'asseoir avec l'opposition», soutient Abderrezak Mokri. Dans ce cas, il exhorte le pouvoir à «laisser ces élections se dérouler avant, pendant et après, sans fraude, ni triche ni orientation». Emergeront par la suite des groupes parlementaires représentant la volonté populaire, pense-t-il, suggérant à l'issue de ce processus «la constitution d'un gouvernement d'union nationale». Opposition : sortir des réunions Pour ce qui est des deux autres issues à la crise, Mokri les limitera au travail de l'opposition et celui de son parti. L'opposition, dit-il, «doit continuer à coordonner pour faire pression au système et travailler pour renverser les rapports de force». Pourtant, l'action des partis partenaires du MSP semble inefficace, à entendre le président du HMS qui n'a pas ménagé sur la critique l'ICSO. «L'opposition doit corriger certaines choses, en commençant d'abord par sortir de l'esprit partisane et comprendre que les réunions de salles ne sont que des occasions pour se concerter, s'échanger et planifier.» Le vrai travail, estime le chef islamiste, est de miser sur le peuple algérien. «L'opposition doit sillonner l'Algérie pour la rencontre des citoyens dans le cadre d'un travail de proximité, de meetings et de conférences, tout en adoptant un discours simple qui consiste à expliquer le malaise et présenter son traitement», tranche Mokri. Et de conseiller aux acteurs de l'opposition «de ne pas se tromper de cible, en s'attaquant les uns aux autres, ce qui arrange les affaires du système».