Ayant annoncé d'autres rencontres, le RCD pourrait recevoir, dans les prochains jours, les responsables du Mouvement El Islah qui fait partie, avec le MSP et le Mouvement Ennahda, de l'AAV. Le président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), Mohcine Belabbas, a reçu, lundi 8 juillet, au siège du parti, une délégation du Mouvement islamiste Ennahda, conduite par son secrétaire général, Fatah Rebai. «Les deux parties ont échangé leurs points de vue sur les questions d'actualité. Ils ont convenu que les acteurs de la classe politique doivent se concerter pour parvenir à réduire leurs divergences sur les conditions de l'exercice politique», souligne le RCD dans un compte-rendu de la réunion. «Les modalités d'organisation des scrutins électoraux ont pris une part importante durant cet entretien. Les représentants des deux partis ont convenu de se revoir et d'élargir les consultations à d'autres acteurs politiques», ajoute le même communiqué. Le 3 juillet dernier, les responsables du RCD ont reçu une délégation du Mouvement de la société pour la paix (MSP), conduite par le président du parti, Abderrezak Mokri. Ces rencontres entre les responsables d'un parti d'essence laïque et des partis de la mouvance islamiste, en attendant d'autres réunions, poussent certains observateurs à s'interroger sur les objectifs recherchés par les uns et les autres à travers ce qu'ils qualifient de «rencontres contre nature». Certains se posent même la question de savoir à quoi joue le RCD en recevant des responsables de partis islamistes? Or, ce «rapprochement» était dans l'air depuis au moins les élections législatives du 10 mai 2012. Il ne lui restait que la substance et la matérialisation. Ce que traduisent ces rencontres. En effet, au lendemain des législatives, boycottées par le RCD, remportées d'une manière surprenante par le FLN, les islamistes ont dénoncé «une fraude à grande échelle». Le RCD qui a dénoncé, lui aussi, la fraude a estimé que les islamistes en sont les grandes victimes. Depuis, les clins d'oeil entre les deux parties se sont multipliés, et avec l'arrivée du nouveau président du MSP, M.Mokri, aux premiers jours du mois de mai dernier, les choses commencent à se concrétiser. Certains islamistes veulent, du reste, contrer le candidat du système à la prochaine élection présidentielle, en présentant un candidat commun qui représente toute l'opposition. Le RCD qui a présenté un projet d'une «Constitution pérenne» a appelé à un compromis politique. Lors de sa convention nationale du 29 juin dernier, le président du MSP, M.Mokri, était l'invité qui a suscité le plus de commentaires et à qui l'opinion a accordé le plus d'intérêt. Sa seule présence était déjà interprétée comme étant un signe de rapprochement. Ce qui peut être, d'un certain point de vue, vrai. Mais ce rapprochement ne peut certainement pas signifier que les idées et projets de chaque parti soient remis en cause. «Nous appartenons à deux partis avec des identités et programmes politiques distincts. Le dialogue et l'échange entre les acteurs de la classe politique permettront de libérer la scène politique des contraintes et obstructions actuelles pour parvenir à un accord minimal à même de garantir les conditions d'une compétition démocratique sur la base de projets et de programmes politiques», a expliqué le RCD dans un communiqué sanctionnant sa rencontre avec le MSP. Bien au contraire, ces rencontres répondent à un impératif de construction d'une alternative politique. Le président du RCD a expliqué, à l'occasion de la convention nationale, que «aujourd'hui plus que jamais, il faut dépasser les positions sectaires et les cadres partisans réducteurs pour placer l'Algérie au-dessus de tout autre considération». Ce qui suppose que «le débat ne peut se limiter à l'organisation de la succession (...) en occultant les débats politiques et les projets de société». Si ces rencontres seront suivies d'effets, elles peuvent influencer sur le cours des événements. Il serait, de ce fait, légitime de s'interroger si le verrou dressé par le système pour empêcher la rencontre des partis va sauter. C'est toute la stratégie du système qui fait de la fragmentation de la classe politique et de la société un moyen de survie qui risque de s'effondrer. Ayant annoncé d'autres rencontres, le RCD pourrait recevoir dans les prochains jours les responsables du Mouvement El Islah qui fait partie, avec le MSP et le Mouvement Ennahda, de l'Alliance de l'Algérie verte (AAV).