Ce que tout le monde redoutait s'est malheureusement confirmé avant-hier. Les tests ADN effectués sur les restes d'ossements humains récupérés à Aït Abdelouahab, dans la daïra des Ouacif, 40 km au sud-est de Tizi Ouzou, ont révélé un lien avec la petite fille Nihal Si Mohand, disparue quinze jours auparavant. La triste nouvelle de la mort de l'enfant met ainsi fin à une longue attente des parents, mais aussi à celle de toute la population de la région d'Ath Ouacif et un peu partout à travers le pays, ayant soutenu et compati à la douleur des familles Si Mohand et Ouali, sans nouvelles de leur petit ange, depuis le 21 juillet dernier. La mauvaise nouvelle a été annoncée jeudi par le procureur de la République près le tribunal des Ouacifs, Fodil Takharoubt, lors d'un point de presse animé en début d'après-midi. La mine défaite et la voix nouée, le procureur de la République s'est présenté devant les journalistes pour annoncer que les restes humains, dont un crâne et des cheveux, découverts quatre jours auparavant près du village des grands-parents maternels de la victime, appartiennent malheureusement à Nihal Si Mohand. «En ce jour, nous avons reçu les résultats des analyses ADN faites par des spécialistes de l'Institut national de criminologie et de criminalistique de Bouchaoui sur les objets retrouvés sur la scène du crime à Aït Toudert, qui confirment malheureusement qu'ils appartiennent à Si Mohand Nihal», a-t-il annoncé d'une voix triste plongeant la salle dans une profonde stupeur. Face aux journalistes venus en force au tribunal des Ouacifs couvrir cette très attendue conférence de presse qui tenait en haleine tout le pays, le procureur de la République, qui a retardé l'événement de presque une heure, le temps de se rendre chez les parents de la victime pour leur annoncer en premier la triste nouvelle, s'est contenté de lire un laconique communiqué sans donner plus de précision sur les circonstance de la mort de Nihal, encore moins sur une éventuelle piste du ou des ravisseurs de la petite fille. Il a expliqué, au terme de la conférence de presse qui a duré moins de cinq minutes, que «la gravité de l'affaire et l'obligation de discrétion dans le déroulement de l'enquête» l'empêchent de donner d'autres détails à l'heure actuelle. «C'est tout ce que nous pouvons déclarer pour le moment concernant la disparition de la défunte et les premiers résultats de l'enquête qui se poursuit sur le terrain», s'est-il contenté d'indiquer, tout en affirmant, avant de quitter la salle, que tous les moyens humains et matériels sont mobilisés dans le cadre des investigations qui se poursuivent. Il affirme que les différents services de sécurité ainsi que les autorités judiciaires font de leur mieux pour éclairer l'opinion publique sur cette affaire. Il a ajouté que ces services «informeront en temps opportun la famille de la victime, la presse et l'opinion publique sur l'évolution de l'enquête et le travail des équipes de recherche et d'investigations sur le terrain». Plan contre les enlèvements Avant d'annoncer les résultats des tests ADN effectués sur les restes d'ossements retrouvés sur les lieux du drame, le représentant de la justice, dont c'est la première présentation devant la presse depuis la triste nouvelle de la disparition qui avait tenu en haleine toute une région, est d'abord revenu sur les circonstances dans lesquelles le plan national interactif contre l'enlèvement d'enfants a été déclenché. «Le plan national contre l'enlèvement d'enfants a été déclenché tout de suite après le signalement de la disparition de la petite fille, le 21 juillet 2016», a souligné le procureur. Tous les moyens humains et matériels, constitués essentiellement d'éléments de la Gendarmerie nationale des brigades des Ouacifs, d'Aïn El Hammam et de Tizi Ouzou, ont été mobilisés afin de retrouver la petite Nihal. «Les recherches ayant duré plusieurs jours ont finalement abouti à la découverte de restes d'ossements humains au village Mechrak, plus exactement au lieudit Azaghar. Les indices ont été récupérés et acheminés vers l'Institut national de criminologie et de criminalistique pour les tests ADN nécessaires», a indiqué le procureur de la République près le tribunal de Ouacifs. Il s'agit, pour rappel, d'une petite robe bleue tachée de sang retrouvée dimanche dernier par un jeune berger au lieu-dit Azaghar, à deux kilomètres du lieu de la disparition de Nihal, et d'un crâne et des cheveux, sur lesquels sont tombés les enquêteurs le lendemain, à 500 mètre du lieu. Transféré dans la nuit au CHU de Tizi Ouzou, les restes du cadavre ont été par la suite acheminés vers l'institut de Bouchaoui pour des tests ADN. Trois jours plus tard, la triste nouvelle retransmise en direct sur certaines chaînes privées, s'est répandue telle une traînée de poudre à travers le territoire national. L'onde de choc a atteint même nos concitoyens résidents à l'étranger. Dès 11h de ce jeudi fatidique, on redoutait que quelque chose de grave soit arrivé à la petite Nihal. L'annonce de la tenue d'une conférence de presse par le procureur de la République au tribunal des Ouacifs à 14h pour annoncer les résultats d'expertise des indices appartenant à un enfant, récupérés au lieu-dit Azaghar, dans le village d'Ath Ali, comme cela a été relayé par une dépêche de l'APS, a fait le tour des rédactions. Devant le tribunal des Ouacifs, il y avait une foule nombreuse. Il s'agit essentiellement de proches de Nihal et des habitants du village Aït Abdelouahab, appelé communément Aït Ali, venus prendre des nouvelles de l'affaire. Même si la majorité des personnes donnait une impression de résignation, d'autres, par contre, gardaient toujours l'infime espoir de retrouver la petite fille vivante. «Nous sommes ici pour avoir l'officiel. Nous avons trop souffert de toutes sortes d'informations contradictoires relayées notamment par les réseaux sociaux», lance un proche de Nihal. A 15H55, soit cinq petites minutes après l'annonce par le procureur de la République de la triste nouvelle, la consternation et la colère se lisaient sur tous les visages. «Ulac smah ulac !» L'expression «ulac smah ulac !» revient tel un leitmotiv. Tous les présents ne jurent que par la vengeance. Pour les habitants de cette région, mais aussi de toute la Kabylie et un peu partout en Algérie, la fin tragique de la petite Nihal, qui s'ajoute à ces dizaines d'enfants enlevés puis assassinés par leurs ravisseurs, ne doit pas rester sans châtiment. «Nihal est morte. Que Dieu ait son âme. Nous compatissons à la douleur de ses parents mais nous n'allons pas nous taire. Nous allons exiger des autorités compétentes d'appliquer la loi suprême à l'encontre des assassins de la petite fille. Nous exigeons d'appliquer la peine de mort et en public. Il faudra ramener l'assassin ou les assassins de Nihal sur une place publique, ici même, aux Ouacifs pour l'exécuter devant tout le monde», lance un citoyen d'Ath Abdelouahab, hors de lui, qui dit n'avoir presque pas fermé l'œil depuis le jour fatidique de la disparition de la fillette. «Nous avons tout fait pour retrouver la petite saine et sauve. Nous avons remué ciel et terre en compagnie des éléments de la Gendarmerie nationale pour retrouver la trace de Nihal, mais en vain. Au lieu de ramener la fille chez ses parents, les enquêteurs sont tombés sur les restes de son cadavre. Nous sommes vraiment abattus. Aucune loi, aucune religion et aucune morale ne peut justifier un tel acte barbare. Même du temps du terrorisme, qui avait frappé notre région à l'instar de toute l'Algérie, on n'a pas osé commettre de tels actes contre d'innocents petits enfants», fulmine notre interlocuteur. Au domicile des grands-parents de la petite Nihal, il est très difficile de se frayer un chemin. La maison, qui ne désemplit pas depuis le jour de la disparition de la petite Nihal, est devenu le lieu de convergence de tous les habitants du village, mais aussi de ceux environnant. Bouleversée par le sort tragique de sa petite-fille, la grand-mère maternelle de Nihal était inconsolable. La femme qui s'est exprimée devant les journalistes a lancé un appel aux autorités pour que la mort de sa petite-fille ne reste pas sans châtiment. «Ils nous ont anéanti en découpant notre petite Nihal en morceaux. Que Dieu les châtie et leur réserve le même sort dans l'au-delà !», crie-t-elle. Non sans lancer un appel en direction de l'Etat pour faire appliquer un châtiment exemplaire contre les ravisseurs et les assassins d'enfants. «Comme ils nous ont anéanti, les assassins doivent être châtiés pour que cela serve d'exemple à tous ces monstres sans foi ni loi qui osent s'en prendre à des anges. Il faut être sans pitié avec les assassins de ma petite-fille car ce qu'ils sont commis est innommable», ajoute la grand-mère inconsolable. Hier, vendredi, ils étaient encore plus nombreux ces hommes, ces femmes et surtout ces jeunes, venus en nombre, présenter leurs condoléances à la famille de la victime et surtout compatir à leur douleur. Tout le monde se demandait comment pouvait-on s'en prendre à un petit ange de 4 ans et, surtout, quel est l'auteur ou les auteurs de ce crime abominable et pour quel motif ? Des questions qui resteront en suspens jusqu'au jour où les services chargés de l'affaire élucideront les circonstances de cette tragique fin de la petite Nihal, comme l'a promis le procureur de la République. «Des investigations se poursuivent actuellement et les différents services de sécurité ainsi que les autorités judiciaires font de leur mieux pour éclairer l'opinion publique sur cette affaire», affirmait, en effet, jeudi le représentant de la justice. En attendant, la famille et les proches de la petite Nihal, préparent les funérailles de leur enfant et s'apprêtent à faire leur deuil.