Depuis Londres 2012, la boxe olympique a beaucoup évolué. Dans le fond comme dans la forme. La Fédération Internationale Amateur (AIBA) souhaite désormais qu'on la désigne comme «International Boxing Association». Se délester du terme «boxe amateur» au profit du terme «boxe olympique» n'est pas une coquetterie. Il faut y voir le symbole de la tentative de l'AIBA de faire main basse sur la boxe internationale. L'AIBA, implantée à Lausanne, en Suisse, s'affaire en coulisse à opérer un rapprochement avec la WBA. Mais elle va devoir redoubler d'efforts pour rallier la WBC et autres organismes de sanction qui voient d'un mauvais œil cette ambition stratégique du Taïwanais Ching-Kuo Wu (70 ans), président de l'AIBA depuis 2006. Combats sans casque Les combats masculins se déroulent désormais sans casque (les femmes continuent d'en porter). La réforme, mise en œuvre par Wu en 2013 afin de rendre la discipline plus télégénique, a nécessité un temps d'adaptation. «Beaucoup de boxeurs se blessaient suite à des chocs de tête», décrypte Laurent Boucher, cutman (soigneur) de l'AIBA qui officie à Rio. Ce français de 47 ans, qui a appris son métier auprès de Rafael Garcia, le cutman de Floyd Mayweather, estime que la situation s'est aujourd'hui régulée. «Lors des Jeux Européens de Bakou, l'an passé, nous n'étions plus qu'à une trentaine de coupures sur près de 300 combats. Lorsqu'ils portaient un casque, les boxeurs avaient tendance à partir la tête en avant. Aujourd'hui, ils ont appris et compris». Les pros admis aux Jeux Autre révolution culturelle : la présence des boxeurs venus du monde professionnel suite au vote du comité directeur de l'AIBA, en juin dernier, de les rendre éligibles au tournoi olympique. Après des déclarations d'intention, les grandes stars de la boxe professionnelle (l'Ukrainien Vladimir Klitschko, le Philippin Manny Pacquiaio ou l'Anglais Amir Khan) se sont rétractées en réalisant qu'elles avaient tout à perdre. Habitué à disputer des combats en 12 rounds, il faut plusieurs mois à un pro pour s'adapter au format olympique (3 rounds de trois minutes). Beaucoup d'ascèse et d'abnégation aussi, car jusqu'au titre olympique, il faut se soumettre à cinq pesées effectuées le matin même de chacun des cinq combats. Seuls quelques pro baroudeurs tels que Hassan Ndam (Cam, 81kg), Amnat Ruenroeng (Thai, -60kg) ou Carmine Tommasone (Ita, -60kg) sont parvenus à se qualifier lors du tournoi de Vargas au Venezuela, début juillet. Traditionnellement, à chaque olympiade, l'AIBA fait l'objet de critiques, voire d'accusations de corruption. On se souvient de l'Américain Roy Jones, désigné perdant face au Sud-Coréen Park Si-Hun lors des Jeux de Séoul 1988. En France, personne n'a oublié les images d'Alexis Vastine, en pleurs, privé de son rêve olympique à Pékin en 2008 puis quatre ans plus tard à Londres. Chaque fois des décisions incompréhensibles. Une vie et une carrière d'athlète volées. «C'est très compliqué d'estimer un combat, confie ce jeune juge international qui tient à rester anonyme. On est humains et on vient avec notre culture boxe. Certains valorisent l'esquive, d'autre l'affrontement...» Un récent article paru dans le quotidien The Guardian a réveillé la suspicion. En gros, l'AIBA favoriserait les combattants issus de pays qui «investissent» dans le développement de la discipline. Mais le quotidien britannique n'étaye pas avec des preuves tangibles mais réveille des interrogations. Au sein de l'AIBA, on promet que tout est mis en œuvre pour mettre fin à ces scandales. Les juges sont désormais évalués et répertoriés selon un système qualitatif d'étoiles. Les «top guns» de l'arbitrage sont cinq étoiles. La «scorring-machine» qui comptabilisait les scores à Londres en 2012 a disparu. La notation des combats est revenue au système des 10 points utilisé en boxe pro. On va pouvoir constater dès ces jeux si la boxe amateur est vraiment devenue professionnelle. Et juste.