L'Algérie, qui a tourné le dos pendant longtemps aux ressources d'énergies alternatives semble s'être réveillée subitement, d'un long sommeil pour prendre conscience de tout l'intérêt de lancer sérieusement le grand chantier de la transition énergétique. C'est déjà une réalité palpable, ailleurs dans le monde. Le Maroc et la Tunisie, ont depuis quelques années investi ce secteur novateur et qui est devenu, de toute façon, inéluctable. Plusieurs experts, réunis hier à l'hôtel El Aurassi, à Alger, ont insisté justement sur la nécessité d'engager sereinement et vite, une réflexion sur les moyens indispensables afin d'enclencher une véritable dynamique autour de la transition énergétique, en Algérie et en Afrique. Le Continent noir, ont-ils constaté, cumule un énorme retard dans ce domaine, alors qu'il recèle-comble du paradoxe-, d'un immense gisement, un des plus importants au monde, en terme d'énergies renouvelables, notamment dans le solaire. Quelles en sont les raisons ? M. Tewfik Hasni, expert international explique le retard accusé par l'Algérie, par la surabondance des ressources énergétiques conventionnelles : pétrole et gaz, et qui ont constitué de tout temps «la source de financement la plus importante du pays». Pour lui, «les choses ont commencé véritablement à changer à partir de décembre 2014, date qui a vu les prix du pétrole entamer leur chute vertigineuse». L'Algérie en a-t-elle pris suffisamment conscience ? Oui répond M. Noureddine Boutarfa, ministre de l'Energie. Ce dernier, lors de son intervention, a justement insisté sur «La mise en œuvre du programme national des énergies renouvelables, et celui de l'efficacité énergétique qui constitue la seule garantie d'une croissance durable et équilibrée», tout en appelant les pays africains à une «véritable prise de conscience», pour s'inscrire en urgence dans le développement des énergies renouvelables. Cet appel est pratiquement relayé par tous les conférenciers présents hier en force à Alger, devant une forte assistance composée de quelques 300 personnes. M. Gilles Bonafi, expert au Comité intergouvernemental des experts (ONU), a estimé que l'Algérie «recèle un immense potentiel, qui n'attend qu'à être exploité». Les atouts ne manquent pas selon lui. "Cela va des avantages comparatifs au taux d'ensoleillement, qui reste l'un des plus importants dans le monde. «L'Algérie a les moyens de réussir sa mutation énergétique. Mieux, votre pays, lance-t-il, peut devenir un exportateur net d'énergie verte vers l'Europe». Comment y parvenir ? M. Paul Van Son, expert européen, intervenant sous le thème : Le marché des énergies renouvelables, tendances et mondialisation, pense que «la mutation énergétique passe par l'introduction d'un nouveau type de paradigme, dans les nouveaux modèles économiques. L'énergie, selon lui, est en train de changer. Elle est de plus en plus compétitive, moins coûteuse et davantage propre. «Ces nouveaux éléments qui arrivent sur le marché nous mettent dans l'obligation de changer notre façon de voir les choses», a-t-il soutenu, en insistant sur «la création des conditions permettant l'émergence de nouveaux marchés dans le monde, mais aussi en veillant à la mise en place d'une véritable connectivité entre les marchés» a-t-il encore dit. La rencontre d'hier a permis également de relever les obstacles et les difficultés qui entravent la marche des énergies renouvelables. Paul Van Son en a énuméré quelques unes, dont les plus importantes restent «l'absence d'une législation adaptée aux nouvelles donnes imposées par la mutation énergétique, l'absence d'un marché ouvert et libre, l'inexistence d'organismes indépendants capables d'offrir et de vendre l'énergie et last but not least, l'absence de modalités de payement adaptées et capables d'assurer la vente du surplus énergétique».