Oser un concert musical au beau milieu d'une mer de sable est sans doute un véritable coup de magie qu'ont donné les organisateurs du Fisahara à cette 13e édition. Un sacré point d'honneur du peuple sahraoui en combat pour récupérer ses terres opprimées par le Maroc. A la veille de la clôture du 13e festival du film Fisahara qui se tient au Sahara occidental, les organisateurs se sont imprégnés, le temps d'une soirée, des dunes de sable de Dakhla, seul camp de réfugiés qui embrasse de prêt ces montagnes dorées. Vendredi, en début d'après-midi, des drapeaux de la Rasd sont lâchés aux quatre vents, des enfants courent pieds nus… Ils se dirigent vers les dunes de sable situées à cinq minutes à vol d'oiseau à l'ouest du camp de réfugiés de Dakhla. Les invités, les participants et les réfugiés sahraouis ont, en un instant, rompu le silence qui domine habituellement ce désert. Tandis qu'au pied des dunes, les musiciens règlent leurs instruments. Le public se jette dans le sable, roule par terre ou reste tout simplement ébloui par un splendide coucher du soleil, le tout immortalisé en séquences photos et vidéos. Les coups de batterie résonnent en écho dans ce vide saharien quand l'animateur annonce l'entrée en scène du premier groupe prévu, les Vetusta Morla avec quelques chansons en acoustique, avant de laisser place au groupe sahraoui «Dakhla», qui en un laps de temps, fait danser la foule aux rythmes d'une musique typiquement traditionnelle sahraouie. C'est ensuite à un acrobate espagnole de présenter quelques scènes sous les applaudissements du public. Un groupe algérien bien applaudi La nuit tombée, seules les étoiles illuminent le lieu des festivités. Mais l'ambiance bat toujours son plein. La foule s'agite et lance des applaudissements lorsque l'animateur annonce l'entrée sur scène du groupe oranais Zerro. Peu connu encore en Algérie, il est accueilli comme une grande star de Rock juste par le fait «d'être un Algérien». «Nous avons une grande estime à l'égard de nos frères algériens. Nous leur devons tout», lancent dans la foulée des réfugiés sahraouis. Des stars pour une cause La présence de plusieurs stars de la chanson et du cinéma à la 13e édition du Fisahara a encore une fois rappelé la nécessité d'élargir la chaîne de solidarité internationale avec le peuple sahraoui pour lui permettre de gagner sa liberté. Placée sous le slogan de «Peuple sous occupation», cette édition a consacré la plupart de ses films et chansons à la cause sahraouie. La star du cinéma espagnol de 26 ans, Clara Lago, reconnaît que la réalité du peuple sahraoui reflète «en silence» la justesse de leur cause, affirmant que bien qu'elle participe pour la première fois à ce festival, en tant qu'invitée, elle est aujourd'hui «convaincue» de la nécessité d'élargir la chaîne de solidarité avec le peuple sahraoui, après avoir pris connaissance de près de la situation de ce peuple. «J'ai beaucoup entendu parler de ce festival cinématographique auquel je n'ai auparavant pas pu assister en raison d'engagements professionnels», dit-elle, mais affirme avoir voulu comprendre et connaître de plus près la réalité du peuple sahraoui. «J'ai finalement pu percevoir ce qui se passe réellement chez cette population», témoigne-t-elle. Très connue dans le monde du cinéma, la présence de Carla, comme celle des autres artistes étrangers, va, sans doute, permettre de transmettre au monde de façon générale, et aux Espagnols, l'image du peuple sahraoui spolié de tous ses droits par le colonisateur marocain. Le monde va-t-il, maintenant, se lever pour le Sahara occidental ?
De notre envoyée spéciale au camp de réfugiés de Dakhla,