Le commerce des lunettes et lentilles de contact est en pleine extension en Algérie. Mais à voir de plus près, cette filière compte tellement d'irrégularités qu'il faudrait beaucoup de volonté pour y remettre de l'ordre. Rencontré à l'occasion de la 10e édition du Salon de l'optique et de la lunetterie (Siol, Alger), Rachid Hessas, responsable de RH International Communication et organisateur de l'événement, a révélé l'existence sur le territoire national de pas moins de 1475 boutiques d'optique. «Dans ce chiffre, seules 30% d'entre elles disposent d'agrément délivré par les pouvoirs publics, 20% sont considérés comme des artisans. Tout le reste, on ne sait même pas ce qu'ils sont», a-t-il déploré. Selon lui, parmi les objectifs de ce genre de rencontres offerts aux professionnels, il y a, entre autres, l'opportunité de discuter des problèmes du secteur et définir qui fait quoi. Intimement liés, la contrefaçon et le marché parallèle représentent un véritable danger pour la santé publique. Abderrahmane Merzougui, opticien et distributeur d'accessoires et matériels d'optique, estime que les lunettes qui se vendent sur les trottoirs, et notamment les montures, sont fabriquées avec des matières parfois concérigènes. «Vous avez sûrement déjà vu des gens qui paraissent comme s'ils portent des lunettes, or en réalité, ce sont des traces de mauvaises montures. Cela provoque des eczémas, voire des cancers de la peau», a-t-il averti. Interrogé sur l'organisation de la corporation, notre interlocuteur remonte à l'année 1996 lorsque les professionnels de l'optique ont créé une association pour s'organiser, défendre leurs intérêts et protéger les patients et consommateurs. Née dans la douleur, soit en plein terrorisme, cette association n'a pas tenu longtemps, relate-t-il, avant de révéler que le meilleur reste à venir et que la corporation est en train de se réorganiser. «On va vous annoncer bientôt du nouveau», a-t-il promis. Remboursements dérisoires Sur la question des remboursements de la sécurité sociale, Merzougui la qualifie de dérisoire. «Mieux vaut ne pas aller dans une agence Cnas pour se faire rembourser une paire de lunettes, car les frais de transport seront plus chers», a-t-il ironisé, avant de détailler que les remboursements sont de «35 dinars pour les verres et 80 DA pour la monture, et ce, quelle que soit la facture des lunettes». Pour sa part, le responsable de Said Optic, représentant de marques étrangères, notamment turque, a déploré le fait que «les opticiens qui travaillent dans la légalité trouvent tous les problèmes, notamment au niveau des douanes, alors que les marques contrefaites passent en toute impunité». En outre, ce même responsable appelle le ministère de la Santé à dissocier les produits d'optique de ceux de la pharmacie. Le 10e Salon de l'optique et de la lunetterie se poursuit aujourd'hui pour le troisième et dernier jour au Palais des expositions d'Alger, en présence de plus de 30 fabricants nationaux et étrangers et de distributeurs et importateurs, a indiqué Rachid Hessas. Des spécialistes en ophtalmologie, des techniciens de la santé et opticiens étaient également présents à cette rencontre qui constitue «une opportunité offerte aux professionnels du secteur pour établir des relations et créer une plateforme de partenariat en mesure de développer cette activité». Ce salon a également pour objectif de «dynamiser la profession et harmoniser les discussions entre les différentes filières de la santé et ceux de la formation, et mettre en valeur les dernières technologies tant au niveau des équipements pour ophtalmologistes que pour opticiens». Une large gamme de lentilles de contact, d'instruments d'optique et accessoires a été présentée lors de cette édition. Quelque 5000 visiteurs entre professionnels de la santé, opticiens et étudiants ainsi que des délégations étrangères étaient attendus à ce Salon.