Considéré au même titre que le blé comme étant un produit de première nécessité, des budgets colossaux sont annuellement déboursés pour l'approvisionnement de la population en matière de lait pasteurisé. Mais pour répondre à cette exigence qui nécessite plus d'un milliard de dollars d'importation de poudre de lait, les pouvoirs publics disent vouloir réduire ces dépendances, notamment en ces temps de crise, en encourageant les éleveurs et les industriels à intégrer le lait cru dans la production du lait en sachet au prix administré de 25 DA. Devant cette volonté affichée, cette politique est confrontée au problème, qui pourrait paraître à première vue banal, mais qui est en réalité compliqué, à savoir la collecte. En réalité, les éleveurs qui ont passé des conventions avec des laiteries ont la garantie que toute leur production sera absorbée par ces industriels, lesquels ont leurs propres camions-citernes pour la collecte ou passent par des collecteurs indépendants. Mais dès les premières années de la mise en place de ce mécanisme, les problèmes commencent à apparaître. Implantés dans des zones généralement difficiles d'accès et possédant des petits cheptels, les agriculteurs se sont à maintes reprises plaints du fait que les collecteurs ne viennent pas récupérer les quantités produites et du coup ils sont confrontés à des pertes. Pour leur part, les transformateurs refusent dans certains cas de prendre le lait, arguant que le lait collecté ne répond pas aux normes de transformation. Outre les difficultés de collecte, se pose également celles du paiement. Car même si les laiteries disent payer à temps les fellahs, la part de subvention que l'Etat octroie passe des mois avant d'atterrir dans les poches des agriculteurs. Avec l'argent qui tarde à arriver et les prix de l'aliment de bétail qui ne cessent d'augmenter, plusieurs agriculteurs ont décidé de quitter ce système mis en place par les pouvoirs publics. Après plusieurs rounds de négociation, le gouvernement a accepté d'augmenter la subvention accordée aux éleveurs de deux dinars supplémentaires. Augmenter les subventions Cette prime est ainsi passée de 12 DA/litre à 14 DA/litre depuis novembre dernier, auxquels s'ajoutent les 36 DA qui représentent le prix de cession du lait cru aux laiteries au lieu de 34 DA auparavant. Ainsi, le prix du litre de lait cru vendu par l'éleveur est passé à 50 DA au lieu de 46 DA. «C'est un soutien important pour booster la production nationale en lait cru», avait estimé le directeur de la régulation et du développement de la production agricole auprès du ministère, Chérif Omari. Néanmoins, les pouvoirs publics ont assujetti l'octroi des deux dinars supplémentaires à l'éleveur à un agrément sanitaire délivré par les services vétérinaires. En conséquence, l'administration a fixé aux éleveurs un délai d'une année, allant du 2 novembre 2015 au 2 novembre 2016 (hier), pour se mettre à niveau, c'est-à-dire recenser leur cheptel et effectuer un suivi vétérinaire en vue d'obtenir cet agrément. «Celui qui n'a pas ce document sanitaire ne pourra bénéficier des 2 DA. C'est une incitation à la production d'un lait de qualité et à la sécurisation des élevages contre d'éventuelles maladies», avait avancé le même responsable. La filière compte plus de 40 000 éleveurs avec un million de vaches laitières dont 3.000 sont des bovins laitiers modernes (BLM) qui sont des races de vaches, importées, dotées d'un haut potentiel de rendement laitier. Quant aux importations, en 2015, l'Algérie a importé pour 1,04 milliard de dollars de lait et dérivés contre 1,91 milliard en 2014. La baisse des prix à l'international a été à l'origine du recul de la facture même si une légère augmentation de la production nationale a aussi contribué à cette tendance.