La loi de finances complémentaire 2009 a reconduit la batterie de mesures de soutien à la filière de production de lait cru, de son amont à son aval, en place depuis l'ordonnance de janvier 2009. C'était prévisible compte tenu de l'extrême importance de réduire la facture d'importation de poudre de lait en s'appuyant sur une relance de la production nationale. Pour rappel, depuis janvier 2009 tout un dispositif d'accompagnement à l'intensification et au développement de la production laitière a été mis en place. Ce mécanisme a pour objectif prioritaire de diminuer les volumes d'importation de poudre de lait. Ainsi, tous les acteurs intervenant dans la filière lait bénéficient des subventions de l'Etat dans le but de les encourager à produire plus et de les libérer des contraintes à l'investissement dans le capital productif de leurs étables d'autant que certaines entraves ont poussé de nombreux éleveurs à remettre à plus tard ou à carrément abandonner le projet d'expansion de leurs activités. Ainsi, les mesures décidées par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural et matérialisées dans la loi de finances 2009 se résument à l'instauration de mesures d'aides aux éleveurs ainsi que la réorientation effective du fonctionnement des laiteries en privilégiant la collecte du lait cru et sa transformation en lait pasteurisé en sachet (LPS). De même, la validation des différentes conventions passées entre, d'une part, les éleveurs et les collecteurs et, d'autre part, les collecteurs et les transformateurs, ont permis d'augmenter les volumes de lait collecté. Ce sont là les fondements essentiels de cette stratégie destinée à améliorer les performances de production et de collecte et d'assurer la traçabilité de la production du lait cru. Pour le détail, l'Etat a mis en place, dans le cadre du FNRDA (Fonds national de régulation du développement agricole), un système de subventions, comme la prime d'incitation à la production locale de lait livré à la transformation, à raison de 7 DA/ litre, la prime à la collecte et à la livraison de lait cru à raison de 4 DA/litre et une prime de 2 DA/litre pour le transformateur. Il existe aussi des subventions pour l'investissement à la ferme pour les éleveurs qui disposent de plus de 6 vaches. Ceux-ci peuvent bénéficier d'un financement pour des équipements d'irrigation, des primes de 5 000 DA/ha pour la production fourragère, pour la construction de silos, des primes pour la production d'ensilage, 5 000 DA pour l'élevage de veaux, etc. Des indemnisations qui ont été revues à la hausse depuis janvier 2009 suite aux réclamations des acteurs de la filière lait cru car ces derniers ont considéré que toutes les aides à la production en place se sont avérées insuffisantes. Ce que, d'ailleurs, le ministère de l'Agriculture et du Développement rural avait reconnu à l'époque et il avait constaté également que le maillon faible de la chaîne de production résidait dans la collecte. En effet, le taux de collecte de lait restant insignifiant en Algérie, puisqu'il ne dépasse pas 10 à 15% de la traite. Pour preuve, la collecte de lait de vache a atteint, en 2008, 200 millions de litres, soit environ 12% de la production globale de lait à collecter. Des niveaux de collecte aussi bas ont ainsi poussé la tutelle à décider d'augmenter l'aide de l'Etat à la collecte. Une mesure qui a vite porté ses fruits puisqu'il a été enregistré sur le terrain un net regain d'activité dans ce créneau. Il est utile de rappeler que la production laitière enregistrée en 2008 a été de 1, 6 milliard de litres de lait de vache, sur une production totale, toutes espèces confondues (caprins et camelins) de 2,2 milliards de litres, selon les derniers chiffres établis par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Toujours selon le ministère de l'Agriculture, cette production provient d'un effectif de 893 000 vaches laitières, dont 243 000 BLM (bovin laitier moderne). Par ailleurs, comparativement à la moyenne annuelle de la production du lait enregistrée entre 2004 et 2008, qui est de 1,9 milliard de litres, le ministère de l'Agriculture prévoit à l'horizon 2014 une production de 3,2 milliards de litres, soit une augmentation de 1,3 milliard de litres en cinq ans (la consommation est estimée à 115 litres de lait par tête d'habitant). Pour ce faire, tout un programme consacré à la filière lait a été tracé. Le département ministériel de Rachid Benaïssa envisage un accroissement du cheptel bovin de 296 000 têtes, dont 123 000 BLM pour un effectif actuel de 900 000 vaches laitières dont 180 000 BLM. Toujours dans le cadre de ce programme, il est prévu un accroissement des superficies réservées aux fourrages de plus de 900 000 hectares, dont 180 000 hectares en irrigué, contre 450 000 disponibles actuellement. De plus, un plan de programme, de développement de transfert d'embryons et d'insémination artificielle est aussi retenu. Il également prévu la mise en place d'un fichier national des éleveurs et des collecteurs afin d'assurer la traçabilité de la production et d'évaluer la qualité des laits produits. Soulignons que la tutelle s'était engagée bien avant la mise en place en janvier 2009 du dispositif d'accompagnement à l'intensification et au développement de la production laitière nationale dans un long processus de réorganisation de la filière en commençant par la remise sur les rails de l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL). Un instrument censé réguler le marché du lait, notamment dans l'approvisionnement équitable des centrales laitières en poudre de lait importée. En tenant compte des volumes importants achetés de l'extérieur et des fluctuations des prix de la poudre de lait, l'Algérie est donc appelée à fournir plus d'efforts à même de promouvoir la filière lait, l'un des piliers de la sécurité alimentaire nationale. Il s'agit là, en outre, de l'un des plus grands défis lancés par le ministère de l'Agriculture. Ce que d'ailleurs avait souligné le président de la République lors de l'audition du ministre de l'Agriculture. Et de déclarer : «Toutes les conditions sont réunies pour apporter tout le soutien requis, notamment aux productions stratégiques telles que les céréales, le lait, et les viandes». La balle est donc dans le camp des acteurs de la filière lait car tout dépendra des efforts qu'ils fourniront dans le but d'arriver au plus vite à une autosuffisance en matière de lait à consommer. «Ce qui est tout à fait réalisable», plaideront des agronomes et des producteurs professionnels de lait cru à maintes occasions. Z. A.