La pénurie de lait qui se poursuit depuis quelques semaines a suscité une polémique au sein des professionnels de la filière lait et des responsables du secteur de l'agriculture, à tel point que les uns accusent les autres d'en être à l'origine. Premiers à être désignés du doigt, pour avoir détourné des quantités de poudre destinées initialement à fabriquer le lait en sachet subventionné, les transformateurs renvoient la balle aux pouvoirs publics, représentés par l'Office national interprofessionnel du Lait (Onil). Contactés, pour comprendre les raisons de cette crise, des industriels du lait nous ont fait savoir que, les quotas, dont ils avaient l'habitude de recevoir, ont été revus à la baisse, ce qui a créé une certaine tension autour de ce produit, et de facto ceci s'est répercuté sur l'offre. Par cette mesure, les pouvoirs publics ont voulu faire baisser la facture d'importation de la poudre de lait, en ces temps de vache maigre, mais la pilule semble avoir du mal à être avalée. En réponse à cette polémique, le directeur général de l'Onil, Fathi Messar, a qualifié cette revue à la baisse des quotas de réajustements. «Il n'y a pas eu de réduction de quotas de poudre, mais des réajustements». Selon lui, les quantités produites, quotidiennement, suffisent largement pour couvrir la demande, sachant que l'office dispose, également, d'un stock de poudre de lait, lui permettant de couvrir la demande jusqu'en juin 2017. Plus loin, Messar accuse certaines laiteries, en indiquant que, la perturbation enregistrée «a été provoquée par certaines laiteries, suite à une enquête ayant constaté des irrégularités», ajoutant qu'à Alger, à titre d'exemple, une réduction d'à peine 6% a été opérée. Se joignant à cette guerre, qui oppose les intérêts des uns à ceux des autres, et qui du coup, tient toute la population en otage, le ministre de l'Agriculture, du Développement rural et de la Pêche, Abdesselam Chelghoum s'est joint aux débats. Des intérêts menacés En déplacement, en fin de semaine, à Aïn Defla, le premier responsable du secteur, a catégoriquement réfuté la thèse de l'existence d'une pénurie de lait, et en guise de contre-attaque, il déclame au complot. «Je suis formel : dans les conditions actuelles, il ne peut pas y avoir de pénurie de lait, quand bien même celle-ci venait à se manifester, cela voudra dire qu'elle est organisée», a soutenu Chelghoum. Le ministre a affirmé que, la quantité, qui est, aujourd'hui, attribuée aux laiteries en matière de poudre de lait, suffit «largement» à couvrir les besoins de la population en sachets de lait, observant, par là même, que «la survenue d'une pénurie, ne pourra que, davantage, attester, le fait que le produit attribué, n'ait pas été utilisé à des fins, auxquels il aurait été destiné initialement». «Les informations, dont je dispose, attestent que l'organisme chargé d'attribuer des quotas de poudre de lait aux laiteries, fussent-elles publiques ou privées, ont péché par une exagération dans l'utilisation de ce produit, par rapport à la consommation de la population», a-t-il précisé. Mais au lieu de désigner, nommément, les laiteries frauduleuses et les poursuivre en justice, on a apparemment opté pour la solution la plus facile, à savoir réduire les quantités. Ainsi, en guise de contre-attaque, des laiteries ont ralenti la machine de production, une action qui n'a pas tardé à avoir ses répercussions sur les citoyens lambda. Le ministre a poursuivi, en avançant que : «Son département n'a fait que rationaliser les attributions, et procédé à la redistribution de la poudre de lait, en fonction de paramètres, rigoureusement, définis», affirmant dans le même temps que «son département ne restera pas les bras croisés, dans le cas où la preuve d'une manœuvre venait à être démontrée». Selon lui, il est anormal, que des parties profitent d'une situation pour se remplir les poches, au détriment des citoyens, a-t-il martelé, rappelant que, le sachet de lait est subventionné.