Le Festival international du cinéma d'Alger (Fica) dédié au film engagé ouvert jeudi soir à Alger par la projection hors compétition du long métrage de fiction américaine «The birth of a nation» (Naissance d'une nation) de Nate Parker, continue d'attirer les cinéphiles. C'est un film yéménite sur le mariage forcé des filles mineures qui a ouvert la compétition. En effet, le long métrage de fiction «Moi, Nojoom, 10 ans, divorcée» (2014), un film de la réalisatrice yéménite Khadidja Al Salami sur le mariage forcé d'une fille mineure dans son pays, a été projeté vendredi à la salle El Mouggar devant un public relativement nombreux. Ce film de fiction adapté d'un roman de la cinéaste et inspiré de faits réels, relate l'histoire de «Nojoom», une rurale âgée de dix ans ayant réussi à obtenir le divorce auprès d'un tribunal au Yémen, après avoir été violée et battue par son mari, membre d'une importante tribu locale. A travers l'histoire de cette enfant courageuse qui a fugué de chez elle, le spectateur découvre une société où le poids des traditions et la misère des paysans favorisent une pratique inhumaine qu'«aucune loi n'interdit» au Yémen. En jouant durant tout le film sur les contradictions entre le monde de l'enfance et celui de l'épouse où Nojoom a été contrainte de vivre, la cinéaste brosse un portrait des plus attachants de son personnage et réussit à faire partager aux spectateurs son combat qui finit par défrayer les médias. Khadidja Al Salami, elle-même mariée de force à 9 ans, donne une profondeur supplémentaire à son film à travers le portrait nuancé du personnage du père de Nojoom, un paysan illettré, obligé de vendre ses terres après le viol de sa grande fille et qui finit par accepter de marier sa benjamine, poussé par la misère et l'ignorance. Très réceptif aux propos du film, le public a longuement applaudi la cinéaste, tout en la félicitant pour «son courage». «Moi, Nojoom, 10 ans, divorcée» a été projeté une seconde fois hier à la Cinémathèque d'Alger en présence de la réalisatrice. 17 films (8 fictions et 9 documentaires) sont en compétition dans ce 7e Fica qui se poursuit jusqu'au 8 décembre.