Après l'accord conclu le 30 novembre dernier à Vienne entre les membres de l'Organisation des pays exportateurs du pétrole (Opep) pour plafonner leur production à 32,5 millions barils/jour, la Russie annonce sa disposition à renforcer cette décision. Premier signal positif, le ministère russe de l'Energie a annoncé, hier, la tenue d'une réunion samedi prochain dans la capitale autrichienne entre les principaux pays producteurs de pétrole, membres ou non de l'Opep, qui cherchent à finaliser un accord sur une diminution de leur offre pour faire remonter les prix. Selon une porte-parole du ministère, cette rencontre, où doit se rendre le ministre russe de l'Energie, Alexandre Novak, aura lieu le 10 décembre à Vienne. La Russie, un des plus gros producteurs de l'or noir au monde, avait promis à l'Opep, dont elle ne fait pas partie, d'adhérer à ce qui se décide dans la rencontre du 30 novembre à Vienne à condition que les pays membres de cette organisation se mette d'accord sur la limitation de la production. Avec cette annonce d'une nouvelle rencontre, Moscou se dirige vers une option de diminution en acceptant une réduction de son extraction de pétrole de 300 000 barils par jour. «La Russie se conformera à son niveau de limitation de production à condition que l'Opep adhère, elle aussi, totalement à son accord», a affirmé le ministre russe de l'Energie à l'issue de cette réunion. Moscou a ajouté que les négociations avec les pays non-membres de l'Opep permettent également d'espérer que plusieurs pays se joindront à l'accord avec la contribution globale limitant la production à 300 000 barils par jour. Jeudi dernier, Novak a indiqué que la baisse de réduction prévue par Moscou s'appliquerait à toutes les compagnies pétrolières russes à égalité. Après avoir inondé le marché pétrolier et provoqué une dégringolade spectaculaire des prix, les membres de l'Opep sont parvenus à surmonter leurs dissensions pour se mettre d'accord et réduire leur production de 1,2 million de barils par jour. Un pas important mais pas suffisant sans l'implication de la Russie, dont les taux de production représentent plus d'un dixième de la production mondiale et un tiers de la production de l'Opep. De déclarations d'intention, place aux actes de voir Moscou mettre en application son engagement lors de la rencontre de samedi prochain. De 47 dollars/baril avant la réunion de l'Opep, les prix du Brent ont atteint des niveaux avoisinant les 55 dollars. Avec la conclusion espérée d'un accord avec la Russie, les experts attendent à ce que les prix atteignent ou avoisinent les 60 dollars. Si la crise pétrolière a affecté les pays membres de l'Opep, la Russie n'a pas pour autant été épargnée. L'effondrement des prix du pétrole a porté un coup dur en 2015 à l'économie russe, également visée par des sanctions dues à la crise ukrainienne. La Russie vient de traverser deux ans de profonde récession et se trouve confrontée à de lourds déficits budgétaires. Moscou a donc tout intérêt à un rebond durable des cours qui donnerait au gouvernement russe et à ses compagnies pétrolières plus de souplesse pour continuer ses investissements engagés dans les explorations. Le président russe s'est personnellement engagé en faveur de mesures concertées, relançant le dialogue avec Ryad en septembre après l'échec d'une première tentative d'accord au printemps à Doha, au Qatar. Pétrole: Les cours frolent les 55 dollars Les prix du pétrole ont légèrement baissé hier en cours d'échanges européens, après avoir atteint leur plus haut niveau en 17 mois la veille, alors que les marchés analysent l'accord de réduction de la production de l'Opep. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février a reculé de 14 cents à 54,80 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude» (WTI) pour le contrat de janvier a perdu 33 cents à 51,46 dollars. Le recul des prix hier est à comparer à la hausse record enregistrée depuis que l'Organisation des pays exportateurs de pétrole a annoncé un accord pour abaisser sa production de 1,2 million de barils par jour mercredi dernier. Entre mercredi matin et lundi soir, le prix du baril de Brent a augmenté de près de 18% et celui du WTI de plus de 14%. Mais certains analystes appelaient cependant à la prudence. La question de la baisse de la production des pays partenaires de l'Opep mais qui ne font pas partie intégrale de l'Organisation n'est toujours pas réglée. L'Opep a annoncé que ses partenaires soutiendraient l'accord en faisant reculer leur production de 600.000 de barils par jour, dont 300.000 barils par jour pour la Russie.