Les annonces successives relatives à l'interpellation des membres de la secte El Ahmadiya dans différentes wilayas du pays soulèvent des interrogations. Selon certains recoupements, ils seraient plus de 70 personnes arrêtées par les services de sécurité ces six derniers mois, pour appartenance à cette obédience qui se croit être «la renaissance des valeurs spirituelles et morales de l'Islam». Les autorités officielles, à leur tête le ministère des Affaires étrangères, ne cessent de mettre en garde contre cette secte ainsi que d'autres sectes étrangères au référent religieux national. Ses adeptes croient à l'Islam, au Coran et au Prophète Mohamed (Qsssl) mais croient aussi que le fondateur de l'ahmadisme, Mirza Ghulam Ahmad, en Inde en 1889, est le messie promis et l'Imam Al-Mahdi et suivent ses étranges enseignements. Leur credo : «Si nous croyons que Mirza Ghulam Ahmad – le messie promis – est un prophète, nous le considérons être le serviteur du Saint Prophète Muhammad». Après la mort de Mirza Ghulam Ahmad, un système de Califa est instauré par cette «communauté». Actuellement, ils sont à leur cinquième calife, dénommé Hadrat Mirza Masroor Ahmad et affabulé du titre «Sa Sainteté». Au nom de cette secte, il effectue des visites officielles dans les pays qui la reconnaissent comme le Canada dont le Premier ministre Justin Trudeau l'avait reçu le 17 octobre 2016. Leur lieu de villégiature se trouve à Londres, plus exactement à mosquée Baitul Futuh. Tous les pays musulmans et les organisations islamiques, comme l'organisation de la Conférence islamique, ne reconnaissent pas cette obédience comme étant un dérivé de l'Islam comme toutes les autres. Si leur chef est connu et agit au grand jour, les adeptes de cette secte dans certains pays, comme l'Algérie, agissent comme les loges maçonniques : secrets et discrets. Que faire? Certains observateurs estiment que les membres de cette secte, qui prend les allures d'une véritable association, commence à sortir de la clandestinité. Selon Djamel Ghoul, président du Conseil national indépendant des imams, cette secte représente un danger multiple pour la société algérienne. «Il y a un danger doctrinal, un danger social et un danger sécuritaire», estime-t-il. «Un danger pour notre croyance car ils tentent de faire croire que le Prophète Mohamed (Qsssl) n'est pas le dernier Prophète», détaille-t-il. «Un danger social car chez eux, un Ahmadi doit épouser une Ahmadite. Si l'épouse ne l'est pas, il doit divorcer d'avec elle», poursuit-il. «Et un danger sécuritaire car El Ahmadia est une secte sécuritaire qui travaille pour les services de renseignement britanniques», précise Djamel Ghoul, contacté par nos soins. «C'est une secte de renseignement qui constitue un véritable danger pour la société», résume-t-il. Ainsi, après le danger venant de l'Arabie saoudite, avec l'invasion du wahhabisme et du salafisme radical, c'est un danger en provenance de l'Inde qui guette la société algérienne. Et pour contrer ce danger, le président du Conseil national indépendant des imams estime que le discours de dénonciation adopté par les autorités officielles ne suffit pas. «Face à cette situation, il faut un plan d'action pratique pour arrêter la propagation de toutes les sectes qui nous sont étrangères», a-t-il plaidé. Et le premier axe de ce plan réside, à ses yeux, dans l'introduction de ces sectes dans les programmes scolaires «afin de connaître leurs dangers et les neutraliser». La deuxième proposition est l'élaboration de lois qui criminalisent la propagande en faveur de ces sectes. La troisième consiste en la constitutionnalisation du référent religieux national. «Il faut ajouter à l'article qui dit que l'Islam est la religion d'Etat un alinéa pour préciser que le malékisme est la référence nationale», a-t-il dit.