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EXPANSION DU PHENOMENE SECTAIRE EN ALGERIE : Qui sont les Ahmadis, les nouveaux prosélytes ?
Publié dans Réflexion le 28 - 12 - 2016

L'Algérie connaît une expansion potentielle du phénomène sectaire. De nombreux spécialistes des questions religieuses expriment leurs inquiétudes à ce sujet. Le verrouillage du débat religieux, signalent plusieurs experts, et le brouillage des repères identitaires dont sont victimes nos jeunes a fait de l'Algérie un terrain favorable au développement des sectes. Dans ce contexte, de nombreux mouvements ont, des lors, jeté leur dévolu sur l'Algérie pour y chercher un nouveau souffle et de nouvelles perspectives d'avenir ! Et parmi les sectes qui se sont installées récemment en Algérie, on retrouve les Ahmadis, adeptes de l'Ahmadisme, dont l'influence et le nombre ne cessent de monter en puissance dans plusieurs régions du pays notamment à Alger et ses environs.
L'ahmadisme ou Ahmadiyyia est un mouvement réformiste messianiste fondé par Mirza Ghulam Ahmad à la fin du XIXe siècle au Penjab, alors sous domination britannique. Mirza Ghulam Ahmad (1835-1908), un musulman né à Qâdiyân au Panjâb, fait la paix avec les Anglais et stoppe tout autre prosélytisme en se présentant comme une réapparition du Messie (Jésus pour les chrétiens, Avatâr de Vishnou pour les hindous). À partir de 1889, Ahmad proclame qu'Allah lui a confié la tâche de restaurer l'islam dans sa pureté et il se déclare mujaddid (« rénovateur »), muhaddath (« à qui Dieu parle », « l'interpellé ») puis mahdi (« guide »). Cette position fait de l'ahmadisme un mouvement vivement combattu par les courants majoritaires de l'islam pour lesquels le prophète Mohamed QSSSL est le dernier prophète. L'ahmadisme a ainsi été déclaré « non-musulman » par le parlement Pakistanais en 1974. À sa mort, ses adeptes élisent un calife et vivent en communauté indépendante. Aujourd'hui encore, très dynamiques, les Ahmadîs sont, selon divers commentateurs indépendants, entre 10 et 20 millions. Ils sont présents dans 190 pays, dont la moitié au Pakistan et le reste en Inde, au Nigeria, au Suriname, aux Etats-Unis, etc. Ils ont été déclarés non musulmans et persécutés en Afghanistan, au Pakistan, et en Arabie saoudite. Le mouvement est très actif dans le domaine de l'humanitaire, surtout en Afrique, en construisant des hôpitaux, cliniques et dispensaires gratuits, mais aussi des écoles et des centres de formation ouverts à tous et gratuits. Depuis une scission en 1914, ce mouvement comprend deux courants distincts, la Communauté Ahmadiyya et le mouvement Ahmadiyya de Lahore . Le nombre d'adeptes du mouvement - les ahmadis - est généralement estimé à 10 millions bien qu'il en revendique lui-même plus de 200 millions à travers le monde. En 1999, le mouvement revendiquait 4,7 millions de membres au Pakistan, ce qui était contesté par les autorités musulmanes concurrentes. Environ 130 000 ahmadis seraient réfugiés en Inde.
Historique et croyance
À la fin du XIXe siècle, Mirza Ghulam Ahmad de Qadian se proclama mudjaddid, le Messie annoncé mahdi et le prophète de son temps (les deux courants de l'Ahmadiyya interprètent cette dernière affirmation différemment). Le 23 mars 1889, Mirza Ghulam Ahmad fonda sa communauté, à qui l'on donna plus tard le nom d'Ahmadiyya Muslim Jamaat. Mirza Ghulam Ahmad déclara avoir accompli la prophétie du retour de Jésus. Lui et ses disciples affirmèrent que cet événement avait été annoncé par Mohamed QSSSL le prophète de l'islam, ainsi que par plusieurs autres écrits religieux dans le monde. Les Ahmadis, donnent aux prophètes Mohamed QSSSL et Jésus une place privilégiée ainsi qu'aux autres saints de l'islam. Ils vénèrent un tombeau nommé Roza Bal qu'ils disent être celui de Jésus. Le lieu de culte est un temple situé à Srinagar au Cachemire. Ce courant développe une christologie particulière selon laquelle Jésus est un prophète de Dieu qui aurait été déposé de la croix en état de coma et non mort. Une fois soigné, après quelques apparitions à ses disciples pour organiser sa prédication, Jésus « grand voyageur » serait parti à l'est de l'Euphrate pour rassembler les Tribus perdues d'Israël, ce qui l'aurait conduit à Srinagar, via Nisibe, Herat, Peshawar. Il aurait fini sa vie au Cachemire, y vivant jusqu'à l'âge de 120 ans. Les croyances des musulmans ahmadis sont considérées comme hérétiques et déviantes par rapport à l'islam par beaucoup de théologiens du sunnisme et du chiisme. Les musulmans traditionnels réfèrent souvent aux ahmadis par le terme Qadiani, qui signifie littéralement « de la région de Qadian en Inde », mais qui a acquis avec les années une connotation différente. Les musulmans traditionnels affirment que la revendication de Mirza Ghulam Ahmad, quant à son essence prophétique et messianique, viole les principes de base eschatologique de la tradition islamique, pour qui Mohamed QSSSL est mentionné comme étant le dernier prophète, et que c'est Jésus et personne d'autre qui doit revenir à la fin des temps. Certains détracteurs de l'ahmadisme mettent l'accent sur l'irrespect de Mirza Ghulâm Ahmad pour la figure de Jésus-Christ, une accusation niée par ses partisans qui estiment que l'allégation est sans fondements. Depuis ses débuts, le but de l'Ahmadiyya Muslim Jamaat est le renouveau de l'islam et les ahmadis considèrent qu'ils sont partie intégrante de l'Islam. En 1914, quelques années après la mort de son fondateur, le mouvement se scinde en deux avec, d'un côté, la branche principale, dite « Qadiani » et connue sous le nom de Ahmadiyya Muslim Community et, de l'autre, ceux qui s'en séparent pour former la branche Lahore Ahmadiyya Movement . Pour cette branche des « Lahoris » qui le vénèrent comme calife du mouvement, Ahmad n'est pas un prophète, mais seulement un « novateur » (mujaddid). Les deux courants ahmadis fondent leur croyance sur une interprétation allégorique des références dans la littérature islamique relative au « retour de Jésus », cependant, ils divergent en ce qui concerne la finalité de la prophétie, comme indiqué ci-dessous.
Yuz Asaf et la christologie ahmadie
Mirza Ghulam Ahmad est originaire d'un milieu soufi sunnite et proclame le 4 mars 1889 avoir reçu une révélation de Dieu, la capacité de prescience ainsi que celle d'accomplir des miracles - y compris la résurrection des morts - puis, à partir de 1904, être un avatar de Krishna ainsi que Jésus de Nazareth retourné sur terre comme Mahdi. Ce dernier est présenté sous la dénomination de « Yuz Azaf ». L'origine du nom Yuzasaf est disputée. Pour Per Beskow, qui estime que ce personnage est totalement légendaire, le nom Yuzasaf dérive du mot sanscrit « bodhisattva ». Pour lui, il puiserait ses origines dans une légende bouddhiste du IVe ou Ve siècle dans laquelle un futur Bouddha s'abstient d'atteindre le nirvana pour aider les non éveillés. Toutefois, Yuzasaf pourrait être une déformation du nom juif Josaphat et Yuzasaf pourrait être le Josaphat dont il est question dans la légende chrétienne de Barlaam et Josaphat. Une version en sanskrit de la « Vie du Bodhisattva » a donné naissance à un très grand nombre de versions en différentes langues parlées au Ier millénaire dans l'espace indo-perse (un Bodhisattva est un être promis à l'éveil). L'histoire de ce récit légendé a pu être retracée depuis un texte du Bouddhisme mahāyāna en sanscrit datant du IIe–IVe siècle, jusqu'à une version manichéenne, qui a ensuite trouvé sa place dans la culture musulmane en langue arabe sous le nom de Kitab Bilawhar wa-Yudasaf (Livre de Bilawhar et Yudasaf), texte bien connu dans le Bagdad du VIIIe siècle. Elle est traduite en géorgien au IXe ou Xe siècle, où elle est alors christianisée. Cette version chrétienne est ensuite traduite en grec au Xe–XIe siècle par saint Euthyme l'Hagiorite puis en Latin au milieu du XIe siècle. À partir du XIIIe siècle, La Légende dorée, livre en français de Jacques de Voragine en assure la plus grande diffusion. Des attestations de la légende en sogdien incitent certains auteurs à penser à une provenance d'Asie centrale. Dans l'islam, la légende est traduite et adaptée dès le VIIIe siècle par Ibn al-Muqaffa. Une addition de la version arabe de la légende - le Kitâb Bilawhar-wa-Budhasaf - amène ce personnage accompagné d'un disciple au Cachemire où il meurt et est enterré. De cette version, dont il a connaissance dans une édition indienne de 1889, Mirza Ghulam Ahmad compose vers 1900 le personnage de « Yuz Azaf » décomposition du « Yuzasaf » des récits : Ahmad affirme que Yuz signifie « Jésus » (ou « Îsâ ») et Azaf, « le Rassembleur ». « Yuz Asaf » - « Jésus le Rassembleur », créant sa propre version de l'histoire brodée de divers autres éléments. Pour assurer sa tradition christologique, le mouvement s'appuie notamment sur diverses traditions et récits orientaux, arabes, persans ou sanskrits réinterprétés ainsi que des publications occidentales du XIXe siècle. Parmi ces dernières, on trouve notamment le livre du journaliste et aventurier russe Nicolas Notovitch, publié en France en 1894, premier à théoriser une vie de Jésus en Inde dans une forgerie sous le titre de La vie inconnue de Jésus Christ dont la nature inventée ne fait plus de doute chez les chercheurs depuis Max Müller - qui se rendit dans le monastère d'Hemis au Ladakh d'où Notovitch prétendait tirer ses sources - mais qui a connu une certaine audience. Par la suite, les disciples d'Ahmad feront coïncider les versions de ce dernier et de Notovitch en expliquant que Jésus était venu deux fois en Inde. Les ahmadis se réclament notamment de textes supposés parler de Jésus, comme le Bhavishya Purana, une collection de traditions hindoues de différentes époques publiée à Bombay en 1910 où il est dit qu'un « roi des sakas » appelé « Shalivahana » a une vision sur une montagne couverte de neige où lui apparaît un « fils du Seigneur » (ishaputra) « né d'une vierge » (kumarigarbhasambhava). Cette vision peut faire allusion à Jésus mélangée à des éléments de culte solaire iranien mais seule la tradition ahmadienne la transpose à Srinagar et transforme cette vision en rencontre physique. En guise de preuve, Ahmad a également fait référence à une inscription persane sur un temple hindou près de la ville où le nom de Yuz Asaf aurait été mentionné mais aurait été effacé et dont il n'existe aucune trace. En tout état de cause, les ahmadis vouent à Yuz Asaf un culte tout comme aux saints de l'islam autour du tombeau de Roza Bal (Mohalla Khaniyar) situé à Srinagar. Sur une pierre massive accolée à la pierre tombale de Yuz Asaf ont été gravés l'empreinte de deux plantes de pied stylisées, sur lesquelles figurent deux représentations de cicatrices laissées par un clou qui aurait traversé ses deux pieds, qui montrent que Yuz Asaf était considéré comme un crucifié ayant survécu à son supplice. La tradition de « Budhasaf »/« Yuzasaf » dont s'inspire le « Yuz Asaf » des ahmadis est également à l'origine de la tradition chrétienne - essentiellement orientale - de « Ioasaph » en grec ou « Josaphat » en latin. Cette légende de la tombe de Jésus au Cachemire a connu un certain renom médiatique en occident particulièrement à la fin des années 1970, relayée par une série d'auteurs et de journalistes ésotéristes occidentaux, à la suite de Notovitch.


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