La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, appelle à la réunion des conditions pour le bon déroulement des prochaines élections législatives afin d'éviter tout dérapage. «Si, pour une raison ou pour une autre, les élections dérapent comme ce fut le cas en 1991, elles peuvent ouvrir la voie au chaos et à l'ingérence étrangère», a-t-elle mis en garde, hier, lors de son allocution d'ouverture de la réunion du bureau politique de son parti. Ainsi, pour Mme Hanoune, «les prochaines échéances peuvent être fatales», mais, précisera-t-elle, «la situation peut être changée du jour au lendemain, car les solutions existent et elles sont réalisables» pourvu que la volonté politique existe. Pour Hanoune, il faut commencer par l'assainissement du fichier électoral qui est devenu, a-t-elle affirmé, plus facile avec la numérisation de l'état civil. La deuxième condition réside dans la neutralité de l'administration et du gouvernement. Ainsi, elle souhaite que l'administration cesse de favoriser les deux partis au pouvoir, et appelle le gouvernement, dont des membres sont partisans, à observer la neutralité en s'interrogeant si l'exécutif n'utilisera pas les moyens publics pour exercer des pressions sur les encadreurs des élections. Louisa Hanoune appelle également à ne pas orienter le vote des corps constitués en faveur d'un parti ou d'un autre. «Ces conditions peuvent être réunies si la volonté politique existe», a-t-elle souligné. «Nous prenons acte des engagements du ministre de l'Intérieur et du président de la Haute instance indépendante de surveillance des élections et nous suivons l'évolution de la situation», a-t-elle poursuivi. L'oratrice déplore l'inégalité des moyens, notamment financiers, utilisés par les partis participant aux élections, et dénonce la position de l'Algérie en matière de transparence des élections organisées depuis 1997. «En matière d'élections, nous sommes l'un des pays les plus sous-développés à cause de la tricherie, de la falsification des résultats et de la nature du système politique qui a confisqué la souveraineté populaire depuis l'indépendance et qui veut se maintenir coûte que coûte, même si cela pouvait provoquer le chaos», a-t-elle lancé. Pour la patronne du PT, les élections sont un moyen politique pour la lutte notamment dans cette conjoncture de régression, y compris de la liberté d'expression. «Les élections ne peuvent pas détourner notre attention des luttes directes des étudiants et des travailleurs que nous soutenons de manière effective et efficace», a-t-elle affirmé, expliquant que les syndicats défendent, à travers leurs mouvements de protestation, la souveraineté nationale. Elle estime que les grèves, les rassemblements et les pétitions, comme celle lancée par les syndicats autonomes contre la nouvelle loi sur la retraite, sont des facteurs d'ordre par excellence, car «c'est un terrain de lutte et c'est là l'essence même de la démocratie». Elle a appelé les militants de son parti à accompagner ces mouvements, soutenant que «les grèves peuvent stopper la régression». Plaidant pour la cessation de toute forme de répression politique, Mme Hanoune a dénoncé «la corruption qui s'est érigée en système de gouvernance» et refuse de condamner le rapport de Transparency international qui a accablé l'Algérie dans le domaine de la lutte contre la corruption, car, a-t-elle estimé, «la réalité est pire». La SG du PT a renouvelé son appel à l'élection d'une Assemblée constituante.