Elle s'interroge sur le silence des autorités qui, pour l'heure, n'ont pas jugé utile de réagir à ce rapport, alors que sous la pression de Rabat, le rapporteur de la mission a dû se résoudre à tempérer ses propos. La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a qualifié hier le rapport de la mission des parlementaires français, dont le contenu intégral a été publié vendredi sur le site de l'Assemblée française, "d'agression violente" à l'égard de l'Algérie. Fruit d'une mission de six mois dans les trois pays du Maghreb, ce rapport évoque la santé des trois dirigeants, la santé démocratique des trois pays, le climat des affaires, leur rapport au Vieux Continent, mais aussi l'existence au sein de l'Exécutif des pro et des anti-Français. "Les parlementaires français ne l'ont fait que parce qu'ils savent qu'il y a une précarité et que l'immunité du pays est fragilisée", a dénoncé Louisa Hanoune dans son rapport d'ouverture à la session ordinaire du bureau politique du parti, la première depuis la tenue du conseil national ayant validé la participation du parti aux prochaines élections législatives. Louisa Hanoune ne manque pas de s'interroger sur le silence, pour le moins assourdissant, des autorités qui, pour l'heure, n'ont pas jugé utile de réagir à ce rapport qui, visiblement, a agacé déjà le palais royal marocain, puisque le rapporteur de la mission, le député socialiste Jean Glavany, a dû se résoudre sous la pression des autorités marocaines à tempérer ses propos formulés la première fois devant la commission des affaires étrangères. "Nous n'acceptons aucune ingérence dans nos affaires (...) Mais c'est aussi l'affaire des institutions dont le silence est lourd. Nous sommes tous responsables de la défense de la souveraineté du pays, on n'accepte pas le tutorat", a affirmé Louisa Hanoune. Mais à l'inverse, la secrétaire générale du PT n'a pas dénoncé le rapport de Transparency International sur la corruption puisque, estime-t-elle, "elle est érigée en système". "La situation est plus amère", suggère-t-elle. Pour une Assemblée constituante Evoquant le prochain rendez-vous électoral, Louisa Hanoune, comme certains partis, attend des garanties supplémentaires de la part des autorités pour assurer au scrutin les conditions de transparence et de neutralité. "Il est facile de déterminer la liste des électeurs car le fichier est aujourd'hui numérisé. Mais l'administration veut-elle assainir ce fichier ? Sera-t-elle neutre, sans pencher au profit des deux partis qu'elle a aidés depuis 1997 ? La souveraineté sera-t-elle respectée ? Les éléments de l'ANP voteront-ils librement sans pression ? Y aura-t-il la volonté de séparer l'argent des élections car le mélange est mortel ? Le gouvernement sera-t-il neutre d'autant que des ministres seront candidats ?", s'est-elle interrogée en estimant que ces "conditions ne sont pas encore réunies (...) Nous attendons des réponses à ces questions", ajoute-t-elle. Selon Louisa Hanoune, l'Algérie est "en queue de peloton" en matière d'élections démocratiques à cause de "la fraude" en rapport avec "la nature du régime qui a confisqué la souveraineté depuis l'Indépendance et qui veut se maintenir coûte que coûte au risque de conduire le pays au chaos". Après l'avoir mise sous l'éteignoir pendant quelques mois, Louisa Hanoune a remis au goût du jour la revendication phare de son parti, l'élection d'une Assemblée constituante, seule, à ses yeux, à même de répondre à la crise multidimensionnelle qui frappe le pays. Karim Kebir