La nomination de l'ancien Premier ministre palestinien, Salam Fayyad, comme émissaire des Nations unies en Libye semble sérieusement compromise. Et ce sont les Etats-Unis qui seraient derrière ce blocage. Qu'est-ce qui motiverait les USA à user de leur veto au sein de la première Organisation mondiale ? Tout porte à croire que ce veto est directement lié à la nationalité de Salam Fayyad. «Les Etats-Unis ne reconnaissent pas actuellement un Etat palestinien ou ne soutiennent pas le signal que cette nomination enverrait aux Nations unies. Cependant, nous encourageons les deux parties à unir leurs efforts directement pour trouver une solution», a indiqué l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley, dans un communiqué, en exprimant sa «déception» à propos de cette nomination. L'ambassadrice américaine a par ailleurs promis que les USA seront plus impliqués dans leur soutien aux alliés. «A l'avenir, les Etats-Unis agiront, et ne feront pas que parler, pour soutenir leurs alliés», a conclu la représentante des Etats-Unis, un des cinq membres permanents du Conseil et qui dispose à ce titre d'un droit de veto. Le nom de Salam Fayyad avait circulé dans les couloirs de l'Onu après que le secrétaire général de cette organisation, Antonio Guterres, ait informé, au courant de cette semaine, le Conseil de sécurité de son intention de nommer l'ancien ministre palestinien à la tête d'une mission en Libye pour aider à la reprise des discussions sur un accord politique chancelant. Guterres avait donné au Conseil de sécurité jusqu'à vendredi soir pour étudier sa proposition. M. Fayyad, 64 ans, a été Premier ministre de l'Autorité palestinienne de 2007 à 2013 et a aussi été ministre des Finances à deux reprises. Il devait remplacer l'Allemand Martin Kobler, qui était l'émissaire de l'Onu en Libye depuis novembre 2015. Discriminatoire Réagissant au veto des Etats-Unis, les Palestiniens ont qualifié hier de «discrimination flagrante» la décision de Washington de bloquer à l'Onu la nomination de l'ancien Premier ministre palestinien Salam Fayyad comme émissaire des Nations unies en Libye. «Bloquer cette nomination constitue un cas flagrant de discrimination fondé sur la base d'une identité nationale», a déploré dans un communiqué Hanane Achraoui, une dirigeante palestinienne, membre du comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP). «Il est impensable que l'ambassadeur des Etats-Unis bloque la décision du secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, de nommer l'ancien Premier ministre palestinien Salam Fayyad comme envoyé de l'Onu, en prenant comme piètre excuse que «l'Onu a été injuste en faveur de l'Autorité palestinienne au détriment de nos alliés en Israël», dénonce Mme Achraoui. La nomination du Palestinien aurait pu, selon de nombreux observateurs, donner un second souffle aux négociations entre les belligérants libyens. D'autant plus que les pourparlers sont bien engagés pour adapter l'accord politique, négocié par l'Onu, qui a abouti à la formation du gouvernement d'union conduit par Fayez al-Serraj. Les négociations, conduites par le Groupe des pays voisins dont l'Algérie, continuent pour introduire des amendements au texte de l'accord de décembre 2015. Consciente de tous ces paramètres, l'Algérie milite, de son côté, pour un consensus le plus large possible. Elle œuvre à rassembler, outre le GNA, Haftar et le Parlement de Tobrouk, les formations et les groupes islamistes non radicaux, dans le cadre d'un dialogue inclusif. L'Algérie maintient son engagement au plus fort avec l'ensemble des parties agissantes ainsi que sa stricte neutralité afin de sauver l'intégrité et la cohésion du peuple libyen. L'impasse à laquelle est parvenu l'accord de Skhirat inquiète à Alger où l'on s'efforce de conjuguer toutes les bonnes volontés de la région afin d'éviter le chaos.