Salam Fayyad pour remplacer l'Allemand Martin Kobler Elle oeuvre à rassembler, outre le GNA, Haftar et le Parlement de Tobrouk, les formations et les groupes islamistes non radicaux, dans le cadre du dialogue inclusif. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, est sur le point de nommer l'ancien Premier ministre palestinien, Salam Fayyad, comme envoyé de l'ONU en Libye. Le chef de l'ONU a informé le Conseil de sécurité de son intention de nommer Salam Fayyad pour remplacer l'Allemand Martin Kobler, représentant spécial depuis novembre 2015. Salam Fayyad, 65 ans, a été Premier ministre de l'Autorité palestinienne de 2007 à 2013 et ministre des Finances à deux reprises. Cette nomination interviendrait au moment crucial où des pourparlers sont engagés pour adapter l'accord politique, négocié par l'ONU, qui a abouti à la formation du gouvernement d'union conduit par Fayez al-Serraj. Installé depuis un an à Tripoli, le GNA n'est pas parvenu à étendre son contrôle sur l'Est de la Libye où il est contesté par le Parlement de Tobrouk et l'ANL du maréchal Haftar, à Benghazi. Cependant, les négociations conduites par le Groupe des pays voisins dont l'Algérie continuent pour introduire des amendements au texte de l'accord de décembre 2015. Point sensible de ces amendements, le rôle du maréchal Haftar dans le gouvernement d'union et la nécessité d'unifier les rangs de l'armée libyenne pour lui permettre de mieux assumer ses missions de défense du territoire et de garantie de la sécurité menacée par les groupes terroristes se heurte à l'hostilité des milices de Misrata. Bénéficiant de l'appui de l'Egypte et plus récemment de la Russie, Haftar ne cache pas non plus son aversion pour les milices islamistes. Dans le même temps, la confirmation de la candidature de Salam Fayyad doit intervenir au plus tard aujourd'hui. Ce sera là la première nomination importante d'un envoyé spécial dans une zone de conflit pour Antonio Guterres, depuis qu'il est à la tête des Nations unies. Le statu quo engendré par la querelle entre Tripoli et Tobrouk où le Parlement refuse non seulement de valider le gouvernement d'union mais vient de rejeter l'accord signé par Fayez al-Serraj avec le gouvernement italien sur la question des migrants peut déboucher sur une crise grave, voire même une guerre entre l'ouest et l'est du pays. Voilà pourquoi l'Union africaine a décidé, lors du dernier sommet à Brazzaville du Haut comité pour la Libye,d'unir ses efforts avec le Groupe des pays voisins pour une solution africaine. L'Algérie, pour sa part, travaille sans relâche à rapprocher les positions des uns et des autres, en témoigne le séjour à Alger, mercredi dernier, d'une délégation des partis politiques libyens reçus par Abdelkader Messahel. L'embargo sur les armes décrété par les pays occidentaux affecte certes les uns et les autres, mais le rapprochement de Haftar avec Moscou où il a envoyé des soldats pour des soins et dont il attend des équipements lourds risque de changer le rapport des forces. Cette option a conduit les puissances européennes, la Grande-Bretagne, la France et l'Italie, à moduler leur appréciation puisqu'elles estiment que l'armée doit revenir à Haftar qui est le noeud gordien de la crise. Le temps est son principal allié car pour peu que le président Donald Trump veuille se joindre à la Russie dans le combat contre le terrorisme, Haftar aura gagné son pari, en se débarrassant des milices islamistes qui le freinent dans sa tentative de conquérir le pouvoir. Consciente de tous ces paramètres, l'Algérie voudrait un consensus le plus large possible et pour cela, elle oeuvre à rassembler, outre le GNA, Haftar et le Parlement de Tobrouk, les formations et les groupes islamistes non radicaux, dans le cadre d'un dialogue inclusif. Par l'intermédiaire de Rached Ghannouchi, le leader tunisien d'Ennahda, des contacts ont été établis avec Ali al-Salibi, chef d'une faction islamiste, et Mohamed Souane, chef du Parti libyen pour la justice et la construction (Frères musulmans) qui reste, lui, farouchement hostile à n'importe quel rôle politique pour Haftar. Celui-ci qui fait de la lutte contre le terrorisme sa priorité aurait refusé toute idée de rencontre, au Caire comme à Alger, avec Fayez al-Serraj, dont il exige qu'il se démarque de «son entourage». Patiente, l'Algérie maintient son engagement au plus fort avec l'ensemble des parties agissantes ainsi que sa stricte neutralité afin de sauver l'intégrité et la cohésion du peuple libyen. L'impasse à laquelle est parvenu l'accord de Skhirat inquiète à Alger où l'on s'efforce de conjuguer toutes les bonnes volontés de la région afin d'éviter le chaos.