Les milices reviennent à Tripoli pour contrer Haftar Faisant fi des usages, la diplomate US d'origine indienne à l'ONU a lancé, avec le veto contre le Palestinien Salam Fayyad, un sévère avertissement à la communauté internationale.«A l'avenir, les Etats-Unis agiront, et ne feront pas que parler, pour soutenir leurs alliés (israéliens)», dit-elle. Contre toute attente, les Etats-Unis ont bloqué vendredi à l'ONU la nomination de l'ancien Premier ministre palestinien Salam Fayyad comme émissaire des Nations unies en Libye, selon les diplomates qui disaient leur confiance quant à cette «simple formalité». Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres avait informé le Conseil de sécurité de son intention de nommer M.Fayyad à la tête d'une mission en Libye pour aider à la reprise des discussions sur un accord politique chancelant. Pour Washington, «les Etats-Unis ne reconnaissent pas actuellement un Etat palestinien ou ne soutiennent pas le signal que cette nomination enverrait aux Nations unies. Cependant, nous encourageons les deux parties à unir leurs efforts directement pour trouver une solution», a asséné l'ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley dans un communiqué, en exprimant sa «déception» à propos de cette nomination. Faisant fi des usages diplomatiques, la diplomate d'origine indienne a même lancé un sévère avertissement à la communauté internationale qui refuse le diktat de Netanyahu et des lobbies sionistes aux Etats-Unis. «A l'avenir, les Etats-Unis agiront, et ne feront pas que parler, pour soutenir leurs alliés», a averti Mme Haley avant de brandir son veto. La tentative méritoire d'Antonio Gutterez de rendre la reconnaissance de l'Etat de Palestine avérée, au moins de facto, ne pouvait que se heurter au soutien aveugle et sans contrepartie de la nouvelle administration Trump à la politique de Netanyahu. Reste à savoir quelle va être l'attitude des autres membres du Conseil de sécurité de l'ONU qui sont en droit, à leur tour, de rejeter toute proposition appuyée par les Etats-Unis. Sur le terrain, la situation s'est également emballée avec l'arrivée hier aux portes de Tripoli de plusieurs groupes armés venus de Misrata, dont nombreux sont ceux qui ont combattu et vaincu Daesh à Syrte. Inquiets de la tournure des évènements depuis que le maréchal Haftar a scellé une alliance avec la Russie et rejeté toute entente avec le GNA de Fayez al Serraj, dont l'entourage lui rebute, les milices en majorité islamistes ont pris les devants et annoncé, depuis la capitale, la création d'une force armée «indépendante», par opposition à l'ANL de Haftar qui se veut le chef militaire incontestable. Cette nouvelle a retenti comme un coup de tonnerre dans les salons des autorités locales libyennes et dans les pays occidentaux. Tripoli est depuis 2011 sous l'emprise de dizaines de factions islamistes dont la principale est Fadjr Libya et les allégeances et les zones contrôlées peuvent changer du jour au lendemain. Pour le GNA qui tente de rassurer ses partenaires, notamment la mission onusienne dont le responsable allemand Martin Kobler a été finalement écarté, il s'agit massivement des milices qui ont chassé le groupe Etat islamique de Syrte après des mois de durs combats, et l'appui de...l'aviation américaine. «Ils se sentent maintenant marginalisés et sont à la recherche d'un appui», a indiqué une source sous couvert de l'anonymat, ajoutant que des réunions étaient en cours hier avec leurs commandants «pour tenter de trouver une solution». Après avoir constaté «avec inquiétude l'entrée à Tripoli de nombreux véhicules armés d'une organisation prétendant être la «garde nationale libyenne», Washington note que «ce déploiement risque de déstabiliser davantage la sécurité déjà fragile à Tripoli», et appelle à la «construction d'une force militaire nationale unifiée sous commandement civil capable de fournir la sécurité à tous les Libyens et de lutter contre les groupes terroristes». Annoncée jeudi par Mahmoud Zagal, un des commandants militaires de Misrata, la création d'une «Garde nationale libyenne sans appartenance politique» qui aura pour mission de «combattre l'EI, de sécuriser les institutions de l'Etat et les missions diplomatiques» reste muette sur ses relations présentes et futures avec le GNA de Fayez al-Serraj. Mais des sources crédibles affirment que plusieurs des milices qui la composent sont loyales à Khalifa Ghweil, un ancien dirigeant qui avait autoproclamé en 2014 à Tripoli un «gouvernement de salut national» et n'avait jamais voulu reconnaître le GNA en 2016. Celui-ci qui envisage la création d'une «garde présidentielle» pour sécuriser les institutions de l'Etat et les représentations diplomatiques va avoir beaucoup de mal à faire face à cette nouvelle situation, à la faveur de laquelle Haftar pourrait avancer ses pions...